31 mai 2022

Le chêne et le lierre

Un superbe chêne se dresse,
fier et fort au cœur
d'une verdoyante prairie.
Il a déployé ses racines
depuis des décennies.
Traversé toutes les saisons.
Bravé les intempéries.
Ses branches caressent le ciel.
Il vit en harmonie
avec son univers.

Le lierre de lui s'est épris.
Il s'est mis à l'enlacer,
tant et si bien
qu'il a fini par l'étouffer.
Au fur et à mesure des années
le lierre allait croissant,
se délectant de la vitale énergie,
abreuvé par la sève
de l'arbre dont la beauté se fanait.
Lui enlevant sa part de rêve.

Mais le temps est passé.
Sans en connaître la raison,
peu à peu l'indésirable a jauni,
puis a encore changé de ton
jusqu'à devenir marron.
Son étreinte s'est relâchée.
Un matin, au sol il est tombé.
Le chêne, depuis ce beau jour,
A retrouvé toute sa splendeur.

À l'image du lierre
certaines personnes sont nocives,
dévoreuses d'énergies positives.
Alors soyons comme le chêne :
Libérons nous de leurs chaînes.

Créer le beau

C'est à nous de créer le beau, même si cela représente un travail colossal face aux destructions causées par le laid et le mal. Propagateurs de lumière pour faire reculer l'obscurité et l'obscurantisme. Il nous faudra beaucoup d'imagination ainsi que du courage pour ne pas se perdre dans l'insipide et la facilité. À l'inverse de ceux qui ne laissent que des cendres dont rien ne renaît.

C'est souvent sans faste que l'on exorcise le néfaste. Sans fard, chacun peut apporter ses prières, sa pierre à l'édifice. Qu'à travers le temps il reste solide. Qu'aucun dogme, aucune violence ne puissent le détruire.

Au sein de nos actes habituels, de nos échanges avec l'Autre, tout doit glorifier le beau, même s'il est subjectif. Nous sommes tous artistes car architectes du quotidien. Les mots, la peinture, la photographie, ainsi que toutes les autres formes d'expression ne sont que les moyens de transmettre des valeurs fondamentales.

Le beau est du ressort des plus forts qui lui réservent le meilleur des sorts. Ceux qui possèdent la notion du sacrifice. C'est sans artifices qu'ils donnent de leur personne à qui le veux bien. Créateurs de ce qui est essentiel à tout le monde et porteurs de messages universels salvateurs. Pas objecteurs de consciences mais permettant au contraire de la construire.

Que de nos partages, les nouvelles générations aient en héritage la foi de bâtir des ponts plutôt que de dresser des murs ; la tolérance des points de vue divergents pour mettre en exergue la richesse qu'est la multitude des approches.

Bien sûr cela suppose de subir des peines à haute dose. Dur apprentissage lorsque l'on s'expose au pire pour lui opposer son essence la plus pure.

La beauté sous toutes ses formes est une muse vitale, la seule vérité absolue.

Créer le beau, car il est simplement donné à l'Homme de le faire et que c'est une nécessité humaine pour se prouver que notre existence n'est pas vaine.

Infinie tendresse

Je cultive une infinie tendresse
Pour ceux qui avec adresse
Génèrent les plus beaux sourires,
Les mêmes qui ont traversé le pire.
Pour ceux que la vie a balafrée,
Qui en ont fait les frais.
Sachant qu'avant de mourir de rire
Il faut aussi souffrir ;
Qu'une bonne réception
Est au prix d'une cascade de déceptions ;
Qu'un seul bon geste
Peut faire oublier tout le reste.

Ceux qui sont le plus à l'écoute
Des autres, de leurs doutes.
Les plus conscients
Des bienfaits d'être bienveillant.
Sachant que sont frappés d'anathème
Ceux qui se replient sur eux même ;
Que les multiples entraves
Servent seulement à être plus brave.
Ceux devenus plus philosophes
Face aux avalanches de catastrophes.
Il en faut peu pour les enivrer,
À cela on reconnaît les vrais.

L'existence les a adoubée.
Cent fois ils sont tombés
Autant de fois, plus une, on les verra se relever.
Ceux là dont la tête est fièrement levée
Et leur vaste palpitant
Danse une valse à mille temps.
Ils font preuve de persévérance
Car ils ont connu les condoléances
Et ont dû malgré tout avancer.
Sous des airs rieurs,
Le calme de la surface
Cache les tumultes intérieurs,
Puis peu à peu les effacent.
Après la faillite annoncée
Le malheur se rend.
Les pleurs en torrents
Ne les ont pas fait renoncer.

Comme il ne faut pas renoncer à cette affection
Envers ces personnes suscitant l'admiration
Et qui, sans le crier partout à la ronde,
Sèment l'infinie tendresse manquant à notre monde.

15 mai 2022

Jamais voulu ça

J’n’ai jamais voulu ça, être nourri par la rage.
Galérer des années pour tourner une page.
Ne plus être maître de mon royaume,
J’en bave tel le loyal lion en cage.
J’n’ai que trop erré dans vos déserts
N’offrant que mirages, solitude et misère.
En attendant qu’on m’injecte le sérum,
J’brave de façon royale vos entraves.
Je veux seulement prendre le large,
Avant de devenir complètement barge.
J’refuserai toujours d’être une épave.
J’broie la colère dans ma paume.
J’bois, me saoulant avec mes propres psaumes.

J’n’ai jamais voulu ça
J’n’ai jamais voulu ça

J’n’ai jamais voulu être la cible de vos reproches,
J’n’aurai jamais cru faire du mal à mes proches.
Mais vous savez, lorsque soudain tout dérape,
Nombreuses sont les choses qui nous échappe.
C’est comme si à chaque nouvelle étape
On descendait en parallèle d’un étage.
J’n’ai jamais voulu ça, être l’otage
Des promesses que je n’ai pas pu tenir,
Des croyances que je pensais détenir.
J’n’aurai jamais pensé vous abandonner
Après avoir si longtemps tout donner,
Mais parfois la seule solution est de partir
Lorsqu'on souffre le martyr.

J’n’ai jamais voulu ça
J’n’ai jamais voulu ça

J’n’ai jamais voulu ça, combattre
Pour trouver la paix intérieure.
J’n’aime pas l’idée d’avoir à me débattre
Dans les draps froids de mes peurs.
J’n’aurai jamais cru perdre en route l’enfant
Ambitieux, conquérant, à l’air rieur.
Mais j’rentre pas dans le rang des gens tristes,
J’rêve de mieux et j’suis sur la bonne piste.
Et oui, maintenant adulte, j’me défends
Face au tumulte, à la fureur du monde extérieur.
Si je ne choisi pas encore tout ce que je vis,
C’est en connaissance de cause que je sévis.
Ca date pas d’aujourd’hui que je dis oui à la vie.

Tant de choses que j'n'ai pas voulu
Mais bon c'est comme ça
Et il faut bien vivre avec.

14 mai 2022

Discriminations

Toutes les formes de discrimination
Sont contre notre humanité une agression.

Tu me critiques sur mon physique.
Tes attaques sont vraiment pathétiques.
Comme tant d'autres, tu choisis la facilité.
Sache que tu ne m'ôteras pas ma fierté.
Quoi qu'il en soit, tes choix esthétiques
Ne me concernent pas, ils sont à toi.
Si mon apparence ne te plaît pas
Tu n'as qu'à détourner le regard.
Pour bien faire il n'est jamais trop tard.
Même si tu as réussi à me blesser
Derrière moi ton avis je l'ai laissé.

Tu n'aimes pas ma façon de penser.
Regarde combien d'énergie dépensée
Pour dénigrer tout ce que je peux dire.
Tu n'échanges qu'avec ceux aux idées
Identiques aux tiennes, validées.
L'échange pourrait nous enrichir.
Les divergences nous construisent.
Nos avis différents nous instruisent.
Face à ton déni je me suis rendu(e).
Encore une fois je préfère me taire,
Que tu n'étouffes pas ma démarche volontaire.
Dans ton délire tu t'es perdu.

Tu te moques car je suis handicapé(e).
Chez certains la compassion n'est pas innée.
Bien sûr tu ne peux pas imaginer
À quel point mon quotidien est difficile,
Comme c'est compliqué de trouver la paix.
Tu n'es pas en équilibre sur le fil
D'une existence par la douleur conditionnée.
Sache qu'à chaque instant tout peut déraper
Et que tu peux te retrouver à ma place.
C'est avant qu'il faut se regarder dans la glace.
C'est maintenant, sans plus attendre
Que tu dois tenter de me comprendre.

Tu me discrimines à cause de mon sexe.
Mais dis-moi, que l'on soit homme ou femme,
Ne partageons nous pas les mêmes états d'âme ?
Personne n'a à avoir de complexes,
Ni à devoir rester perplexe
Devant ceux et celles qui vénèrent l'intolérance,
Partout érigent des différences.
Et puis tu es bien content(e)
De trouver l'Autre pour ami(e), amant(e).
Au lieu d'avoir des comportements suspects
Apprend plutôt à faire preuve de respect.

Tu me juges à ma couleur de peau,
Me place sous l'égide d'un drapeau.
Quand je respecte tes origines,
Nos similarités tu assassines.
Certes nous n'avons pas les mêmes racines.
En quoi je mérite de subir ta rage ?
Tu suis les mauvais exemples à la lettre.
Chacun a son propre héritage.
Nos sangs se sont peut-être mêlés au passage.
Tu n'as pas droit de me condamner sans me connaître.
Même si ça te gêne la même Terre on partage.

Nous ne défendons pas les mêmes combats.
Ceux qui souillent les valeurs humaines
Vers la perte de chacun nous amènent.
C'est pour aimer que je suis ici bas.

Handi'cap

Mon handicap doit il se voir
Pour qu'il puisse se concevoir ?
Si tu ne veux pas me croire,
Je t'en prie prend mes douleurs,
Je te les donne sur le champ.
Tu en verras de toutes les couleurs.
Entend mon silencieux chant.
La formule est plus que juste,
J'en ai vraiment plein le dos
D'être obligé(e) de porter ce fardeau,
Jusque dans ma chair ça s'incruste.
Ma constante fatigue
Te paraît anormale, t'intrigue.
Alors que je lutte pour faire de mon mieux,
Toi tu es à mille lieux
De savoir ce qu'est mon quotidien.
Je jalouse un peu le tien.
Être cap ou pas
Là n'est pas la question,
Mon corps est en perpétuelle rébellion,
Me demande sans cesse des efforts,
Surhumains compte tenu de son sort.
La maladie atteint même les plus forts.
Je donnerai des millions
Afin de me défaire du handicap.

Et pour ton information
Sache que oui je suis cap…
De vivre comme je l'entend
Malgré le mal toujours présent.

Même si personne n'y prête attention,
Constamment je me libère de cette détention
Et fier(e), je déplace des montagnes.
Je préfère faire fi des frustrations.
Chaque jour est un combat que je gagne.
J'éprouve sûrement plus de difficultés
Mais je ne manque pas de volonté.
Depuis longtemps je connais mes limites,
Je savoure les victoires les plus insolites.
C'est mon histoire, elle n'est pas facile.
Néanmoins elle mérite d'être vécue.
Elle peut être belle, j'en suis convaincue.
Cela suffit parfois d'être agile
Tant que l'on ne s'avoue pas vaincu(e).
Il est impossible d'échapper à la fatalité,
Alors j'aspire seulement à la normalité.
Oui, je vivrai toujours avec un genou à terre
Mais il faut résister, il n'y a pas de mystère.
Aussi sûr que je ne guérirai pas,
Je ne me promettrai jamais au trépas.
J'ai appris à être plus intrépide,
La solution aux problèmes est devenue limpide.
Si parfois encore je me décourage,
Je pense à autre chose et ça passe vite.
Lorsque le corps est une cage
L'esprit a des ressources sans bornes.
Trop courte est la vie
Pour la passer à être morne.
J'ai l'énergie que ça nécessite
De réaliser ses envies.

Et pour ton information
Sache que oui je suis cap…
De vivre comme je l'entend
Malgré le mal toujours présent.

Enfants du vent

Ici bas, où le vent balaye nos rêves
Les voiles se lèvent à l'horizon.
Quand l'orage gronde aux quatre saisons,
Au port s'ancrent les illusoires trêves.

Ici bas, d'où s'envolent nos espoirs,
Nous naviguons de débâcles en attaches.
L'évasion nous rappelle à elle sans relâche,
Voix claire sonnant l'heure du départ.

Enfants du vent, enfants du vent
Au gré des moissons l'on se parsème.
Nous récoltons ce que l'on sème.
Que l'on se haïsse ou que l'on s'aime
Déjà nous ne sommes plus les mêmes.

Ici bas, où nous sommes juste de passage,
Nos liens s'échouent dans les rouages du temps.
La houle existentielle nous rend inconstants.
Tentant l'impossible avant le dernier voyage.

Ici bas, où nous cherchons tous une place,
Nos âmes dérivent en bateaux ivres.
Un mal de mer dont rien ne nous délivre.
Nous nous fondons et noyions dans la masse.

Enfants du vent, enfants du vent
Au gré des moissons l'on se parsème.
Nous récoltons ce que l'on sème.
Que l'on se haïsse ou que l'on s'aime.
Toujours en quête de nous même.

Ici bas, nous savons ce que l'on donne
Mais jamais vraiment ce que l'on reçoit.
Égarés sur la grande route du Soi,
Écoutons toutes ces voix qui résonnent.

Ici bas, nos regards sont pour les étoiles.
Parce qu'ici l'espoir fait vivre
Leur sillage je vous invite à suivre.
Afin que leurs secrets se dévoilent.

Enfants du vent se jouant de l'éphémère.
S'évadant au souffle de leurs cinq sens
Pour toucher à la raison de leurs existences,
Se libérer enfin de tous ces mystères.

Enfants du vent, enfants du vent
Au gré des moissons nous nous aimons.
Plus l'on se hait, moins nous semons.
Emportés par le courant des saisons
Apprenons à leur fil les bonnes leçons.

Filles et fils à l'incertaine destinée ;
L'essentiel est de garder le cap
Car le cycle n'a pas fini de tourner, tourner, tourner...

09 mai 2022

Démo de mots et Mots passants

DÉMO DE MOTS

Lorsque je n'écris pas
J'agis aussi, je parle.
Quand je parle, je râle.
À une lettre près
C'est la même chose.
En prose je m'exerce,
J'expulse ce qui m'exècre.
Il faut que ça pulse,
Tant pis si lui se tait.

Inutile de ne pas mots dire.
Inutile de ne pas maudire.

Il y a tant de mots.

Un peu trop
Pour les extravertis.
Ils se font petits
Pour les timorés.

De ceux anciens.
Voir parfois démodés.
Messagers de foi
De sincères odes
Aux temps passés ;
Obsolètes au présent,
On pressent facilement
Les bonds de nos doyens
De les voir si moribonds.

Ceux, bien plus courts,
Défavorisant le discours,
Que l'on dira modernes,
Voir SMSer...

Il y en a pour les grimauds
Dont les maux en fouillis
Ne doivent rester enfouis.

Il y en a en motifs
Affichés sur les murs,
Monopolisant l'attention.
Ils créent la tension
Autant qu'ils mobilisent.
Ils laissent une trace,
Si le temps ne les effacent
Alors il les héroïse.

Certains, monogames,
Ne peuvent se marier
Qu'à peu de mots,
Un seul leur sied
Pour composer leurs gammes.

D'autres rendent riches,
Tant ils ont de sens.
Parfois même un double
Pour les moqueries.
Aussi pour les insensés.
Ceux parlant monnaie
Que l'on peut brader
Car trop modiques.
D'autres plus modestes
Ayant plus de prix.

Pour les maussades,
Ils deviennent ternes.
Pour les optimistes
Il faut qu'on les alternent.

Certains pour émotifs,
D'autres en molards
Que l'on crache au visage.
Ceux là molestent,
Et agissent sans mobile.
Il est des mots lestes
Glissant entre les lèvres.
Puis les frisant la fièvre,
Échangés dans des motels.
Ceux qui créent l'osmose,
Pour peu qu'on les osent.

Il ne faut rester motus
Et bouche cousue
De fils blancs,
Quand les mots vrais
Peuvent nous délivrer.

Il en faut pour les émois, et moi.

Et moi...
Je veux des mots tabous,
Et de ceux de tous les jours.
Aussi de ceux en boutades
Pour « grands » et marmots.
Qu'on les hurlent ;
Qu'on les marmonnent,
Ils méritent qu'on les entonnent.

Ils sont mon éthique.
J'en ai fait mon leitmotiv.
Quand rien ne motive.
Partout je les pratique.
A la ville, à la campagne
Ils m'accompagnent.
Car urbains, des hameaux,
Ils mobilisent toujours.
Aucun ne laisse amorphe,
Je vous en fais ici la démo.


MOTS PASSANTS

Dans la caboche les mots à dire.
Ceux pour maudire comme les plus moches.
En pleine amertume, un maux ment.
À l'instant d'une peine de sincérité.

Est là, l'altérité de l'émotif,
D'où les motifs sur sa page.

Il n'y a plus qu'un mot d'ordre :
Que cessent de se tordre les idées
Dans la confusion de la détresse.

L'animosité issue de la morosité.
Aussi si déçus, les mots ne sont pas roses.

Parler, pour ne pas rester motus
Et bouche cousue de fils blancs.
La parole se défile à notre insu.
Démolir pour mieux construire.
S'instruire quitte à en molester
Ceux qui font figures de l'esthète.
Rien ne peux arrêter l'hémorragie
Lorsqu'il s'agit d'être en veine.
En locomotive, à en perdre haleine
Quand le ressenti va de pair
Avec les valeurs qui nous motive.

Diffuser ce remède moderne
En a modifié plus d'un et une ;
Modèle édifié en cette démo.

Et là, en faisant du mot à mot ;
Se satisfaisant de modestie,
Se trouve le mobile travesti.

« Les mots aimants.
Les mots d'amant.
Les mots d'avant
Sont nôtres dorénavant. »

07 mai 2022

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Le poulet et le coq

Le poulet depuis toujours
Est jaloux du roi de la basse cour,
Se trouve lui même bien ordinaire,
Doute de sa capacité à plaire.
Du coq il maudit le panache.
Il rumine sans relâche.
Agacé que le souverain,
En plus d'avoir tout le grain,
Se pavane du matin au soir,
Attire tous les regards,
De voir les poules se presser
Autour de ce prétentieux mâle.
Et puis sa crête rouge vif
À tendance à le rendre agressif.

Encore réveillé par le chant de son rival,
N'étant pas très matinal,
Ce propos il lui a adressé :

- Tu as une estime de toi bien haute.
Tu te crois supérieur à moi
Car on ne regarde que toi ?

Face à cette critique, fissa,
Le coq s'agaça :

- Ce n'est pas de ma faute
Si la nature m'a ainsi fait
Et si on te trouve plus laid.
Certes tu manques de pot
Mais moi presque autant.
Car ce n'est pas de tout repos
D'être toujours sollicité.
Crois moi, si je te ressemblais
Ma vie en serait facilité.

L'accusateur répliqua, irrité :

- Et mon cul c'est du poulet ?

L'autre, amusé, lui répondit :

- En l'occurrence oui.
Le fait que tu m'envies
Aucunement ne me réjouis.
Ce que les uns veulent
Certains pourraient s'en passer.
Tu te fais du mal tous seul
À vouloir être aussi gros que le bœuf.
Mais s'en est assez
Tu me fais perdre mon temps.
Si tu n'es pas content
Va te faire cuire un œuf.

Après quelques minutes de blanc -
Et pour le poulet de malaise troublant -
Il ne trouva pas de réponse à pondre
Et dans le décor retourna se fondre.

Courroucé il apprit à sa façon
Pas une mais deux essentielles leçons :
La jalousie est un vilain défaut,
Se satisfaire de ce qu'on est il faut.

Rumeur

Intime quiétude troublée,
J'ai bien senti arriver
Les judas derrière ma porte.
Les voilà qui accourent.
Bavards, au moindre bruit
Qu'ils enflent et colportent.
Je sens poindre la rumeur,
Croissante clameur.
Les mêmes font la cour
Pour glaner des infos.
Mon procès est instruit
Par des guetteurs de ragots,
Coincés pour usage de faux.

Regards à la serrure,
Ils concoctent des anecdotes,
Donnent des oreilles aux murs.
J'ai trouvé l'antidote.
Aider à s'évader la tumeur
Avant qu'elle tue mon humeur,
Que ne me soit ôté
Mon modeste honneur.
J'ouvre grand ma fenêtre.
Loin de moi emportées
Les paroles traîtres.

La rumeur court,
Toujours me revient.
J'y coupe court
Mais ils savent bien
Que ce serait ennuyeux
S'ils parlaient d'eux.

Elle rejoint celles de la rue.
Devient soudain anonyme.
De plus en plus infime.
Les faits à mon insu,
Les inouïs ouï-dire
Nés de leurs délires
Sont échos lointains.
Ils résonnent en vain.
Ces récits légendaires
Ne sont pas mes affaires.

Il est impensable
Que j'ai à me taire,
Que je me terre
Pour avoir la paix.
Je ne me mettrai pas en garde.
Aucunement coupable
De ce qui me regarde.
Je ne serai pas captive
De cette vie fictive.
Demain elle se sera évanouie,
Je serai de nouveau épanouie.
Il n'y a plus rien à voler,
Je ferme mes volets.

La rumeur court,
Toujours me revient.
J'y coupe court
Néanmoins
Je consens sur un point :
Ce serait ennuyeux
S'ils parlaient d'eux.