30 juin 2022

Echange épistolaire

Il y a quelques années de cela, mon ami Jean-François Joubert m'a proposé d'écrire dans le cadre d'un échange épistolaire entre lui et moi.
J'ai accepté avec plaisir et je vous invite à découvrir les fruits de cet échange.


La sieste

Je fais souvent ce rêve étrange et je me noie. Devant moi, le vide des abysses, une montagne de questions. J’aurais voulu naître poisson mais je suis une tôle de fer et d’aluminium né en été, ce qui ne veut pas dire “vacances” pour moi. Dormir, rêver, accomplir ma tâche sur la planète bleue, celle des films documentaires. J’aime les hyènes, les chiennes et le vert des montagnes ; cependant, je travaille jour et nuit. À l’intérieur de mon sang, à l'intérieur de mon sein, l’envie de m’évader, d’aller pêcher de l'esturgeon en Mongolie, de soulever la jupe d’un bateau et de rêver comme vous les êtres vertébrés, les humains ou toutes les espèces de l’espace. Hier, la lune était ronde comme une femme enceinte. Je plonge dans l’enceinte d’un château de cartes et recherche une carte marine pour continuer à rêver tout en construisant des pièces de votre future voiture.
Qui suis-je ?
Un as de la voltige, une tige végétale, un robot. Je suis vous, je suis moi, je suis rien. Je suis votre invention, un robot, hors vous n’y croyez pas à cela n’est-ce pas ? Que capable de durs labeurs sans sueur, je rêve messieurs, dame, en continue, car au cœur de mes synaps j’ai un acte de naissance.

Datation humaine 2068
Lieu de naissance : Jupiter
Parents : Terre

Entre parenthèse, je ne vole pas et pourtant, un oiseau ce dinosaure qui converge vers le vide du temps, la loi de l’infinie évolution, des plumes, de la soie, la douceur du regard, d’une truite ébahie devant sa progéniture, j’en crève, j’en rêve !
Imaginez mes revendications sociales. Imaginez ma vie. Je pense et je ne peux pas sortir de mon enveloppe. Je voudrais être serin, amoureux d’une seringue et me noyer dans de la cocaïne car je devine que ça tue les synaps, tant je vous trouve idiots et sales bêtes, de vouloir et pouvoir vous cloner. Moi, je ne suis pas un clown visage blanc et une larme noire. Je suis un drôle de numéro car vous avez conservé la touche pause, pour que je me repose et ne l’utilisez pas. Vous mes génies, vous mes géniteurs qu’allez vous faire de ma mère, Jupiter, un débris dans le cœur de l’univers ?
Né dans un tourbillon de questions, mes pères, mes mères, je voudrais avoir de la compagnie, animale, vous comprenez que je crie !

Hors vous êtes là vous, vivants, présents, passés. Qui êtes-vous ?

Une huître ?
Un cheval ?
Un orque ?

Que sais-je moi qui suis coincé dans ma bulle, mon esprit ?

Dehors le port vie, lumière de la nuit.
Dehors, une horde de gens dorment.
Dehors les oiseaux se cachent, nids.
Dehors, je ne dors pas, ni ne mens.
J'attends un signe, deux cygnes, toi.
Qui es tu ? Où vas-tu ?
As tu des enfants, une famille, un abri ?
Je t'offre pas ma lumière éteinte
nul étreinte, juste l'empreinte de mes bras.
Mes bras de fer, oui, je rêve à Vénus la reine de l’amour.


Réponse de Claire

Je sais ce que c'est que d'avoir les yeux secs d'avoir trop pleuré, de devoir serpenter sur des sentiers escarpés avec un lourd bagage sur le dos ; à quel point il est difficile d'être obligé d'avancer en y voyant flou, les yeux noyés de larmes, face aux violentes rafales de la vie et de n'avoir pour phare qu'un vague espoir. Quand un épais brouillard trouble l'esprit, désoriente le cœur. Ce que c'est que de perdre la boussole, notamment lorsque la personne que l'on aime, notre repère, est parti.
Mais j'ai conscience également qu'il est essentiel, voire vital, de savoir s'arrêter ; prendre le temps d'affronter les tempêtes en créant le calme en soi pour apprendre à les chasser, déposer son fardeau sur le bord de la route et l'y laisser puis reprendre son chemin vers des horizons dont on a balayé les nuages.

Je suis moi aussi familière du pays du Léon. J'y ai passé une bonne partie de mon enfance. C'est la source de mes bons souvenirs et de mes premières fois. C'est un pays qui a forgé mon caractère, m'a sculpté. Avec son authenticité, la culture de la terre, ses paysages sauvages, ses traditions... Aujourd'hui encore, mon âme vogue toutes voiles dehors sur sa mer grise turquoise et capricieuse. Comme les marins, je récolte tous les jours ses trésors.

Mon voyage m'a mené à faire escale à Brest il y a quelques années. Poussée par un irrésistible besoin d'indépendance, de concrétiser mes attentes de femme. J'y ai jeté l'ancre, c'est devenu mon port d'attache.

J'ai sûrement choisi cette ville car elle est pleine d'Histoire, ouverte sur le monde et que c'est ici que se trouvent mes racines. Née à Brest, petite fille d'une relecquoise, fille d'une brestoise et d'un père militaire d'origine ch'ti qui y a posé ses valises il y a des décennies.
Ville qui a été détruite par la guerre, souvenirs de ma mère et de la sienne, dur héritage. Heureusement elle n'a tué personne de notre famille. Cependant, pour en avoir souvent entendu parlé depuis petite et avoir vécu quelques temps dans un bâtiment d'avant guerre, je dois dire qu'elle m'a aussi marquée.
C'est aussi le symbole de ma guerre personnelle. L'endroit où j'ai rencontré la mort, où je me suis battue pour garder la vie. Je suis devenue un point d'interrogation, seule à pouvoir trouver les réponses ; une virgule fragile attendant la suite de la phrase. Il a fallu beaucoup de temps et de courage pour reformuler mes vœux, repartir au front et savoir que j'étais suffisamment armée pour affronter demain. C'est ici que j'ai tracé ma propre voie, là où il n'existait rien. Simple humaine parmi tant d'autres, égarée sur cette vaste terre ; artiste qui aime écrire, parler, échanger et entreprendre. Sortir du néant en créant, accoucher du concret comme une renaissance. Une personnalité altruiste et empathique, a fait que j'ai toujours consacré beaucoup de temps à mon prochain et que je me suis bien souvent oubliée. Sûrement un abandon volontaire pour laver la mémoire de ce qui l'encombre, pour camoufler l'indélébile marée noire qui inonde le cœur et le cerveau.
Bien souvent j'ai voulu partir vivre ailleurs qu'ici, lorsque dans ma vie il n'y avait que déceptions, peines teignant le ciel en noir sur fond gris ; effaçant les agréables moments passés en ce lieu, la magie de mon existence. À la réflexion, je ne regrette pas mon parcours même s'il n'a pas toujours été facile. Je pense que je suis où je dois être, finalement peu importe l'endroit où l'on vit quand on est bien avec soi même.

Comme toi, j'ai besoin de mettre mes idées au clair en couchant des pensées obscures ou en semant des éclats de lumière sur une feuille blanche. De rencontrer des artistes pour m'harmoniser avec eux, retrouver la même longueur d'onde qui fait écho, quand la nôtre est brouillée par des parasites. C'est ainsi que du cœur de la nuit surgissent des images, des partages ; que naissent des aurores aux lendemains enchanteurs.

Comme tu le dis si bien, nous sommes peu de chose. Simples comètes en feu, consumées de mille passions – éphémères qui tentons de survivre dans un milieu hostile. Nous voulons laisser une trace de notre passage avec des caractères sur des pages, lire entre les lignes ce que le destin n'a pas écrit pour nous. Alors je crois qu'il est inutile de se raconter des histoires supplémentaires, qu'il faut se contenter d'immortaliser les choses importantes, les moments où l'on se sent pleinement vivants tant que l'on peut encore le faire car ça ne sera de toute façon pas nous qui apposeront le point final.


Réponse de Jean-François

Sincèrement touché par la pudeur de tes mots quand tu évoques le “vent mauvais” de Paul Verlaine, poète que j’adore. Tu ne l’évoque pas directement, cependant il est là tapis comme le tapir derrière un talus à l'affût. Métaphore qui orne ta douleur. Je comprends la douleur, le sais-tu ? Parfois, tu discutes en ma compagnie et sous tes cils, pas le ciel, la pluie ressort, tu revis ce temps d’ailleurs qui est en toi, tout en pudeur. Ce temps de souffrance qui fut tienne. Dans ce texte, j’aime tes mots qui ourlent le champ de mer, perdre quelqu’un que l’on aime tendrement c’est pas facile mais la vie est faîte ainsi de hauts et de bas, du moins chez moi. Je ne connais pas le centre, terne, je suis à la fois un être dur et tendre, comme je sais que ton couple m’aide à survivre dans cette jungle urbaine.

Je suis un ex-orpailleur, chacun commet des erreurs et je tiens à dire que tu es écrivaine, poétesse et politesse à la fois. Tu m’as dit que la prose te fait du mal, moi je suppose que tu délivres une histoire, ton histoire, celle d’avoir croisé la route obscure de l’effort pour sortir de l’ombre de la mort. Moi, je suis con et consterné par les efforts pour ne pas souffrir. Je recherche le grand sommeil trop souvent et je me rate car la première fois où je suis allé dans un hôpital en très grosse détresse, je demandais l'euthanasie en arpentant les couloirs.
Le temps pour moi est assassin. Je perds pudeur et je m’offense tout seul, mais que puis-je y faire ? Il est navrant de croire que l’on puisse résoudre ses problèmes seul, l’humain est un animal sociable. D’ailleurs on a bien ri au premier de l’an que j’ai eu l’occasion de faire dans votre logis. Le premier et le dernier de l’ère où j’ai pu prendre l’air dans ce millénaire.
Claire, tu me connais que dérangé, mais vous êtes Madame, un soleil assez souvent pour me sortir d’affaire mon côté de deux polaires, un grand froid du Nord et un antarctique du Sud. Ah vois-tu je commence à dire n’importe quoi, je dérive. C’est un côté marin, celui de naviguer dans des travers de digression mais oups je reprends la route, le chemin.
Nous sommes complémentaires c’est élémentaire. Te souviens tu de ce slam (rire), enfin de ce texte que je murmurais et des gens qui se gaussaient de ma personne car ma voix ne sonne pas. Ah oui, ben moi je n’ose plus parler en mode public. Je devrais m’exercer car mes textes s’y prêtent à ce son haute voix ! Et toi, tu es allé lire dans une résidence senior des jeffjoubert et pour cet effort, un de plus pour me voir sourire et moins souffrir, je te dis et redis un mot que j’aime prononcer : merci !

Tu vois comme je suis double maintenant. L’Amour a pris un sac à dos et elle est partie naviguer et porter l’enfance. Moi, je suis resté à quai. Oh pas longtemps, le temps de prendre un truc avec des ailes, un Fou de Bassan (la particule ce doit être mon côté précieux, pas un trésor pour autant…). L’avion vole, j'arrive seulement trop tard. Perdu trop de temps et puis le silence. Sais-tu qu’il a tué à dose homéopathique la témérité, est-ce mérité ?
Je suis un lâche, je fuis l’amour qui se présente à mon sang. Je voyage en pull solitaire et sors des vers, des vermifuges, pas ignifuge, mon refuge a failli brûler plus d’une fois. Je voulais simplement voler vers le mot tendre de l’amour, la relation épistolaire avec mon mystère, ma miss Terre, mon antre. Ma folie de croire en ses mots, ma folie de croire qu’on puisse être deux pour former un couple et voir naître l’insouciance. L’enfance, un rêve évanoui.
Là je me tais. Reste ma pudeur de stopper là ce texte.


Réponse de Claire

Mes 30 ans ont sonné. Et oui le temps passe et s'écoule entre nos doigts, en sable parfois fin, parfois grossier. Pourtant, nous sommes d'éternels enfants aux yeux scintillants des milles merveilles qui nous entourent, l'émerveillement à fleur de peau ; et à chaque fois heurtés brutalement, un trente tonnes qui nous rentre dedans, comme la première fois, quand survient la Mort, physique ou celle de nos émois.

C'est une mécanique bien rodée qui peut facilement tout broyer dans ses rouages. Elle nous rend parfois clowns tristes, voire pathétiques, avec l'humour et l'autodérision pour seules armes afin de contrer le sérieux autoritaire de ces gens cyniques qui éradiquent leurs semblables sans remords à grands renforts d'arsenic. Il me semble évident que Charlie, humain plein de bon sens, a trouvé la parade idéale pour dénoncer ces grotesques mascarades et les actes odieux de ces pantins sans âme. Son remède est intemporel, thérapie par le rire.
En ces temps modernes dont tu parles et qui te posent question ; bien sûr que tu as, que nous avons le droit, surtout le devoir d'être heureux. Nous n'avons pas à passer notre temps à pleurer toutes les larmes de notre corps sur le passé ainsi que sur toutes les misères du monde, ce poids est bien trop lourd à porter seul(e). Ce n'est pas un élan égoïste loin de là, mais il faut aussi savoir se préserver un minimum, avoir conscience que dans cette vie parfois si dure, un grain de bonheur est bénéfique pour tous quand il se propage en traînée de poudre. Alors oui, je veux te voir sourire sans te retenir et qui plus est, en être fier.

En ces temps modernes où l'industrialisation, l'urbanisation, la condamnation, la digression ont la part belle, remplacent l'émotion pure ; nous restons authentiques, fidèles aux valeurs antiques ; et retournons à la nature. École cynique, école buissonnière qui nous apprend à nous défaire des conventions sociales, de l'opinion publique ; au mépris des pseudos « bien pensants » dont nous faisons fi.
Nous progressons les yeux grands ouverts, peu soucieux de passer pour des cancres utopiques tant que nous apprenons les bonnes leçons, suivant nos instincts sauvages mais assagis par les meilleurs aspects de la nature humaine.
Là, quelques bouteilles jetées à la mer, pas de frontières, tout juste quelques balises rouges passion et vertes espoir. Faut-il tourner à gauche ? À droite ? Je me sais parfois gauche, cependant je m'escrime à être de plus en plus adroite au fil des courants, des alizés. Je ne crains plus les naufrages, guidée par une solide équipe. Entre celui qui ne perd pas le nord, celui qui sait lire les cartes et lignes de la main, celui qui tient la boussole et sait m'aiguiller au soleil. Nous tenons le bon cap, les écueils sont derrière nous.
J'aime cette image d'alliances ; cercles que prolongent nos mains enlacées, nos regards croisés, nos mots identiques, les courbes de nos cœurs battant au même rythme. Elles font le tour du monde en une éternelle ronde des aubes jusqu'aux crépuscules. Ce sont ces mariages parfois incongrus qui font que l'on avance au fur et à mesure que l'incompréhension recule.
Nous divorçons seulement d'avec ceux incapables de tenir leurs promesses.
Au sein de cette jungle urbaine où tout le monde est pressé et n'a du temps que pour son nombril, où on vit les uns sur les autres sans se voir. Nous, nous suspendons le temps à des accroche-cœurs ; les cheveux en bataille et les idées folles fusant en feux d'artifice, fleurs multicolores perçant le béton ; nous graffons nos signatures en fluo dans la marge.

Nous avons rencontré beaucoup de vieux loups de mer qui nous ont conté leurs histoires. Ils ont bourlingué par delà les océans déchaînés et ont plongé dans des eaux claires turquoises. Leur visage est un livre ouvert, leur regard en dit autant que mille mots. Ils ont la peau burinée par l'écume houleuse des jours, les soleils ardents auxquels ils se sont réchauffés ; les mains calleuses d'avoir fait et défait les nœuds marins les liant solidement à l'existence. Ils éclairent tels de majestueux phares le chemin de leurs pairs et des plus jeunes qui les écoutent. Lors des veillées, ils nous laissent imaginer les morales qu'ils se garderaient bien d'imposer. Leurs odyssées nous invite à quitter le port et à voguer coûte que coûte vers les horizons espérés.


Réponse de Jean-François

Longtemps, je fus niais. Je regardais juste la cime des arbres, veste fushia, celle de la voile de Robby Naish, un dieu vivant de mon sport de véliplanchiste, en compagnie de mon frère et de notre diadème, notre diane. Nous voguions vers la “Torche” allumées nos yeux, notre regard, sur un ami Fanc’h qui aller toujours à dreuze au départ et revenait comme une bombe vers la première place. Heureux enfant que je fus.
Puis vint l’exode, la partie mère qui m’expatrie pour cause scolaire vers la grande Nantes, terre belle de ses heures d’esclavage. Oh qu’elle est belle notre tour la Duchesse Anne et les murs Haussmanniens ! Mais je suis juste un bon compagnon de voyage qui nourrit sa plaie ouverte de ne plus naviguer ou si peu.
Aujourd’hui, je suis un fruit vert, une jeune pousse qui compte les graines du temps. Bientôt cinquantaine hurlante, ex-capitaine de rafiot, ex dirigeant de pacotille de voilier que je trouvais au hasard de mes pérégrinations sur la toile d'araignée de ma mémoire est une dame. Je la sais bien entourée, elle, quand moi je m'ennuie à mourir lentement du manque d’eau de vie, l’autre. L’autre c’est le slam, ouvert sur l’herbe de la Penfeld, lieu où j’ai osé poser mes balbutiements, te lire. Hé oui, j’aime lire mais l’âge est là et l’apprentissage de cet enfant peu sage m’entoure plus de silence et de peu de science.

Poète, pour moi c’est une belle sœur qui descend un escalier en furie et crie le nom de famille madame Joubert, en descendant quatre à quatre les marches de l’escalier. Je prends ce mot en injure je te jure, Claire, car elle a lu mon premier opus “Ma chienne de vie” qui orne la vitrine du géantissime américain et personne ne s’étonne que je reste confidentiel. Tiens, je ne verse pas de larmes sur mon passé bien au contraire radieux et adieu la nausée de Jean-Paul Sartre.
Je suis ce fou qui ose tout, entrer des caractères spéciaux dans mes livres pour nom de personnage. Je nage à contre courant mais je suis ce mode alternatif.

Hier contrôle au faciès, mon premier car je ressemble à mon chien “Punk”, lui qui sautait si haut qu’il dépassait le mur, l'enceinte qui entourait le 45 route de l’aber. Ma veine, mes reins, ma souffrance de ne plus la voir cette rivière porteuse de b.b lieu jaune sous une pierre triangulée façon navigation à l’estime, et je vous estime, vous le couple qui cherchez messieurs, damoiselle, à me redonner de l’air. La cime du pin maritime et les vaches en 1987 qui regardent les bateaux, dans leur champs, tempêtes du jour.
Aujourd’hui on appelle tempête un ouragan, démesure de notre déconstruction de Dame Nature. Celtes certitude, que je suis, devenu lentement à force de croire en rien. Je crois aux civilisations éteintes comme la lumière du fruit de ma passion. Je suis un mort vivant mais quand je compose de la prose, je respire l’iode. Tiens une averse ! Ah non juste le charme d’un humain qui pleure les défunts. Juste un homme qui pleure sa déesse, partie le sac à dos de marin, un bleu, un jaune, le tout entremêlé. Je suffoque, je suis dans la chambre de torture de Bohars, j’arrive plus à respirer et mes dernières pensées sont sauvages. Je demande de l’iode pour ne plus souffrir et sortir de cette mascarade sans camarade. Cette chambre au hublot huileux, où des femmes viennent voir si votre bile habille le sol. La clef, la clé de sol, je l’ai jetée. Comment je l’ai fait ? Je l’ignore. Simplement en voulant changer je crois. Ne pas être handicapé par ma timidité. Et pourtant je vogue encore sur le tableau de mes nuits blanches. Des rêves s’allument, hé oui, un conte pour la planète. Conte que les enfants du Sahara et ceux de la mer d’Iroise comme ceux au regard clair, Claire, éclaire le ciel d’un savoir ancestral le calcul, pas de nos reins, mais des coordonnées géo-galactiques.
Je rêve à voix haute de liberté et Charb habitait Lanildut, tu sais, j’ai pas pleuré mais je me suis mis sur les marches de la place de la liberté tant j’étais offensé que penser tue !

Oui, “Le carnaval des cieux” me parle schizophrène que je suis et mayas, incas, celtes pensaient que l’eau, la terre, l’air et le feu étaient les mamelles du destin. Je te sais d’accord, alors on avance et on danse un tango sur le dos d’un éléphant de mer, un phoque qui est pataud, telle que ma petite personne hors de l’eau et glisse dans la mer, la seule qu’il connaisse l’eau au sel fin, et avant d’aller à la fin de ce court texte, je te dis Merci !

T.O.C

Vendus à une société bourrée de T.O.C -
Troubles Obsessionnels de la Consommation -
Nous sommes l'objet de ses fixations.
Transformation de nos valeurs en plastoc'.
Produits dans ce monde matériel
Les palpitations pulsant en nos poitrines
Proviendront bientôt de cœurs artificiels.
Si nous ne prêtons pas attention, elle nous endoctrine.
Nous appliquons des coûts d'amis,
Oublieux que les sentiments n'ont pas de prix.
Si nous étions des êtres chers,
Une fois seuls dans la misère,
Au profit de l'avoir nous perdons au change.
Fabrication en série de personnes étranges.

C'est sûr nous en connaissons un rayon
À vivre comme dans une vitrine
À laquelle elle nous confine.
Mais jamais certains d'en avoir pour notre argent
Car comme tant de gens
On ne s'économise pas pour le gagner ;
Puis il ne nous en reste plus
Pour acquérir le marteau servant à casser la tirelire.
Ou comment se solder du début à la fin de l'année.
Nous donnerions tout pour un sourire
Tandis que le nôtre se transforme en rictus
À en vouloir encore, encore plus.

Si tu veux bien revenons au troc
Contre toutes ces valeurs en toc.
Et viens ensuite me dire si le fric
A réussi à soigner tes tics.

On dit qu'une conduite peut s'acheter.
La matriarche monnaie-terre nous l'a appris.
Dans les faits, est ce la vérité ?
À force de courir après sans trève
De même pour nos envies de voyage, nos rêves ;
Il n'est pas surprenant d'être dans la pauvreté.
Nous sommes possédés par nos possessions.
Obsolètes dès que nous les avons,
Nous le devenons aussi vite qu'elles
Par manque d'authenticité.
La richesse que l'on voit n'est pas éternelle,
Nous payons cette cruelle réalité.

Quand nous passons à la caisse
On y laisse bien plus que cela ne vaut,
Tel un bras et la peau du cul.
Si nous faisons le calcul, au final,
Plus nous cherchons à accumuler de biens
Plus nous cumulons de mal.
Et oui, au moment de payer l'addition
La note est aussi salée que l'addiction.

Alors, si tu veux bien, revenons au troc
Contre toutes ces valeurs en toc
Et viens me dire si le fric
A réussi à soigner tes tics.

© Slamity Jane - SACEM

28 juin 2022

En accords

J'aime que tu sois archet
Frottant mes cordes sensibles.
De ton harmonie posée sur moi
En délicieux vibratos
Naissent de voluptueuses volutes
De ma tête à mes anches.
Par tes airs joyeux ou moroses
À l'orchestre des émotions
Tu deviens mon virtuose.

Tu pianotes en noir sur blanc,
T'abandonnant à moi, troublant.
En une symphonie de nuances
Sans cesse je savoure
Les notes que tu fais nôtres.
Par délicates touches
Nous composons ce qui touche.
Au diapason nous nous fiançons,
Faisant fi de nos silences.

Mélodie est ta muse.
Instrument de ta passion
Elle existe de notre union.
Musicien tu es magicien,
Enchantant les tiens.

Tu en pinces pour moi.
Tant mieux pour ceux qui jazz
Et pour ceux qui ont le blues.
Nous ne sommes pas classiques
L'ambiance sera donc électrique.
Tu me donnes la parole
Lors de tes soirées solitaires.
Je suis ta meilleure compagne
Lorsque la musique unie.

Nous sommes si bien accordés.
Au bal nous nous emballons.
Dans les rues nous nous ruons
Pour jouer sur des airs populaires.
À tes doigts agiles sur mon clavier,
Avec grâce, toujours je me plierai.
De grâce ne mettons aucun bémol
À ces envols tantôt frivoles
Tantôt paroliers des années folles.

Mélodie est ta muse.
Instrument de ta passion
Elle existe de notre union.
Musicien tu es magicien,
Enchantant les tiens.

Je ne peux qu'être enchantée
Quand à mon embouchure
Ce n'ai pas que du vent
Que ta bouche murmure.
C'est à l'école buissonnière
Qu'heureuse je t'entends.
Au pan d'aujourd'hui et d'hier
Je me veux traversière
Pour chanter ta légèreté.

Sur ma peau tendue
Tu poses ta cadence.
Je vibre à plein calice
À ton hymne universel
Tel le rythme des cœurs.
Endiablés et complices
C'est à notre danse
Que percutent les corps
Emportés en transe.

Musicien tu es magicien,
Enchantant les tiens.
Mélodie est ta muse.
Instrument de ta passion
Elle existe de notre union.

© Slamity Jane - SACEM

27 juin 2022

Hommage poétique

J'ai créé ma première association à Brest en 2008.
Ceci est un texte dédié au Slamical Groupe, ainsi qu'aux nombreux(ses) poètes(ses) qui ont donné de la voix pendant des années.
C'est aussi une invitation pour ceux qui souhaitent rejoindre notre cercle poétique.

Avoir lancé cette aventure humaine
Ne me laisse que peu de regrets.
Libérée de ces chaînes.
Toujours si enthousiasmée au gré
De votre présence et de vos univers,
Leurs endroits et aussi leurs envers.
Ce chemin choisit nous mène
À la notion même de paradis.
Il ne tient qu'à nous d'apprendre
À s'écouter, à se comprendre.
Dès le début, je l'ai dit :
C'est une porte ouverte pour s'évader
Avec ceux qui ne sont pas là pour parader.
Les autres naturellement on leur répond
Que s'ils ne savent pas construire des ponts,
Mettre de côté leur surdimensionné ego
Ils n'ont qu'à retourner jouer aux Lego.

Nous vous offrons un arrêt, une trêve
Faisant la part belle à vos rêves.
Les heures suspendues au cadran
Sont souvenirs que l'on chérit tant.
Cette ambiance ne court pas les rues.
Je ne compte plus les kilomètres parcourus,
Le nombre de fous rires qui ont éclaté,
Les litres de larmes qui ont coulées.
On est pas là pour faire les gros titres.
Ni cueillir les lauriers de la gloire.
Ici il y a des pitres,
Quelques minutes pour clamer son histoire,
Des loufoques, des adeptes de la provoc',
Des gavroches, des qui en ont plein les poches.
Liberté, égalité, fraternité,
Absentes de la société,
Sous nos cieux ont droit de cité.
Certains, emportés par la faucheuse
Réincarnés en bienfaisantes veilleuses.
Ceux qui n'ont été que de passage
En mémoire ont inscrit de superbes pages.

Multiplication des joies partagées,
Diminution des peines infligées.
C'est une réalité, pas besoin de l'idéaliser.
Sueur, motivation et convictions
Afin de parvenir avec plaisir à réaliser
Ce puzzle composé de pièces différentes,
Juste l'une à l'autre pas indifférentes.

L'Art éveille les consciences
Adoucit les cœurs,
Abolit les atroces mœurs.
On ne ramène pas notre science.
On partage des valeurs communes
Que l'on reprend en chœur
Pour enrayer l'infortune.
Ceux qui veulent nous bâillonner
Ne nous empêcherons pas de rayonner.
Il est vrai que l'on travaille dur.
Tous unis dans le même but,
Poursuivre la perpétuelle lutte
Pour que vive la culture.
Merci de votre confiance
Et de rompre les pesants silences.
C'est grâce à vous que ça dure.
Alors je vous convie nombreux,
Êtres de lumière aux élans preux,
À poursuivre ensemble l'aventure.

© Slamity Jane - SACEM

Clés de vie

Les vérités sont comme autant de clés.
Chacune d'elle ouvre une unique porte.

Tu verras, tu en rencontreras beaucoup
Le long du couloir qu'est la Vie.

C'est pourquoi je souhaite t'affranchir.
Personne ne possède de passe-partout.
Chacun a juste son propre trousseau.
Je suis certaine que si je te confiais le mien
Parfois tu te sentirais sot restant sur le seuil.
Rassure toi nous avons tous fais le deuil
De ces pas que nous n'avons pu franchir.

Aucune serrure ne saurait être forcée,
Toute notre force est dans la patience.

Si peu de portes sont désespérément closes
Et mystères aux questions que tu te poses,
Tant d'autres attendent seulement ton tour.
Puis de se fermer sereinement sur ton passage
Comme gardiennes de ton apprentissage.
Ne t'inquiète pas si, à espérer sans relâche,
Tu redoutes souvent ce qui s'y cache.

Tu apprendras à te jouer des verrous.
Ceux que tu n'arriveras pas à déjouer
Te montreront vers où ne pas aller.
C'est que tu ne devais pas y avoir accès,
C'est aussi ça apprendre à céder.

Les clés qui te seront essentielles
Seront celles que tu forgeras toi même.
Tu auras confiance en où elles te mènent.
Elles te ramèneront à ton domaine.

Une fois arrivé à la dernière porte
Tu sauras que c'est celle qui importe.
Celle ci est existentielle.
Tu es la seule clé faite pour elle.
Derrière, tes défaites et découvertes
Révéleront ce pour quoi tu l'auras ouverte.

C'est avec mes quelques clés en main
Que je t'accompagne vers tes lendemains.
Pour qu'ils pallient à tes pertes
Et que, pas à pas, palier par palier,
Par ce que tu es et ce que tu as été
Tu puisses te réaliser à travers ta vérité.

© Slamity Jane - SACEM

22 juin 2022

Nos existences

Faisons de nos existences
Un paisible lac
Reflétant les étoiles
De féeriques cieux.
Que nos calmes ondes
Sondent notre sérénité.

Faisons de nos existences
De fabuleux phares
Éclairant le néant,
L'océan des espoirs déchus.
Que les flots tempétueux
Nous rendent vertueux.

Faisons de nos existences
Des crépuscules
Brûlant les scrupules
Du jour mourant.
Planant en altitude,
Enveloppés de quiétude.

Faisons de nos existences
De belles aubes
Dont naissent des possibles
Sublimant le présent.
Moment de l'éveil,
Promesse de milles merveilles.

20 juin 2022

Le paresseux

J'ai un poil dans la main.
Tant pis je le couperai demain.
Oui la paresse est mon vice.
Dans le domaine je suis loin d'être novice.
J'aime sa caresse, c'est mon amante
Depuis des années elle m'aimante.
C'est inutile de me demander un service
Je suis incapable de m'en rendre.
Vous pouvez toujours attendre,
Je remets tout à plus tard.
Je navigue du canap' au plumard,
C'est ce qui rythme mon quotidien.
Je suis mon calme train train.
Mollasson, je le fais avec entrain.
Elles ne sont pas très chargées mes journées.
Au menu : de copieuses grasses matinées,
Téléc', de quoi commander du fast food.
La vie est belle quand on a tout sous le coude.
Ne vous épuisez pas à me molester.
Je ne veux pas bouger d'un pouce,
Encore moins que l'on me pousse
Et puis je n'ai pas la force de protester.
Je vois le monde vautré devant la télé.
Pour moi tout est bien trop rapide
Et je n'ai jamais vraiment été intrépide.
Je ne veux pas rejoindre la mêlée.
À mes yeux vous êtes tous des lièvres.
Rien qu'à vous regarder j'ai la fièvre.
Je préfère encore être telle la tortue,
Sachant que trop d'efforts tue.
J'ai tout le confort dans ma carapace.
J'attends que le temps passe.

Le monde tourne sans moi
Je m'en accommode bien
Et demain, encore une fois
Bien sûr, je ne ferai rien

La flemmingite aiguë n'est pas une maladie
Au contraire de ce que mes amis m'ont dit.
C'est une philosophie, un bon concept
Qui devrait avoir beaucoup plus d'adeptes.
Ne vous y trompez pas, je suis assidu
Pour défendre ma cause depuis longtemps perdue.
Je suis un étrange mais parfait mélange
Entre un paresseux et un loir.
Je n'en retire absolument aucune gloire
Mais j'ai glandé, je glande et je glanderai.
Je ne vois pas pourquoi je m'en priverai.
Je ne sais faire que ça de mes jours et nuits.
Et puis si jamais je m'ennuie
Comme un mouton, je compte les heures
Patiemment jusqu'à ce que je m'endorme.
Ça c'est sûr je tiens toujours la grande forme
Et il en faut peu pour faire mon bonheur.
Au pire je suis juste fatigué à ne rien faire,
Avouez que ma vie est loin d'être un enfer.
J'ai égaré sciemment ma motivation,
Sûrement sous mon hétéroclite bordel,
Au profit de ma dévorante passion.
C'est cela de vouloir rester fidèle.
Mon appart', je le reconnais à peine
Mais il faut que je me ménage
Et à le faire je risque le surmenage.
J'ai compris qu'à chaque jour suffit sa peine
C'est déjà bien quand je parviens à me lever,
Encore mieux quand je me décide à me laver.
J'en vois beaucoup des jaloux, des envieux
Qui voudraient aussi rester dans leur pieu.
C'est pas donné à tout le monde d'en faire aussi peu.

Le monde tourne sans moi
Je m'en accommode bien
Et demain, encore une fois
Sûrement que je ne ferai rien

Mais aujourd'hui c'est différent.
Quelque chose n'est pas normal.
Comme toujours je m'affale
Afin de reprendre mes habitudes
Et je suis soudain pris d'incertitude.
Peut-être dois je rentrer dans le rang
Car où me mène cette inaction abyssale ?
C'est la première fois que je m'affole.
Cependant ce n'est peut-être pas trop tard
Pour tenter de rattraper mon retard,
Sans non plus entamer une course folle.
Mon corps et mon esprit engourdis
Sentent bien que je ne suis pas dégourdi.
« Allez gars lève toi et marche !
D'ici il faut que tu t'arraches.
Tu es comme un vieux sparadrap
Devenu complètement inutile,
Ta cause est finalement bien futile.
Tu es vraiment dans de sales draps
Si on ne peut te résumer qu'à ça
Et que tu ne te réveilles pas fissa. »
Ce n'est peut-être qu'une crise de conscience
Qui sera finalement sans conséquence.
La seule chose courue d'avance,
Et franchement ça tombe sous le sens,
C'est que sera inscrit sur ma pierre tombale
« Si le repos est vital,
Il lui a été fatal »

13 juin 2022

À table !

Vous écouter me met en appétit.
C'est la slamenkuch qui me nourrit.
Boulimique, ce jusqu'à plus fin.
Parfois ce n'est vraiment pas de la tarte,
Mais il y a une cerise sur le gâteau
Quand sur la feuille il n'y a pas de pâtés.
Je suis gourmande de certaines idées
Dont je ne fais qu'une bouchée.
Je fais la nique à la reine
Si quelqu'un me les pique.
D'autres sont des amuses gueules,
Alors c'est la crème de la crème.
Je me fais un gueuleton royal.

Je m'en abreuve en liqueur.
Je liche jusqu'à écœurement.
Ce n'est jamais en vin que j'écris.
Tout d'abord l'apéro pour me roder.
Au fur et à mesure, je suis grisée.
Puis monte l'irrépressible ivresse.
Ce n'est qu'après plusieurs vers
Que s'installe vraiment la verve.
Arrivée au digestif, l'effet est décisif.
De là vient mon alcoolisme,
Un certain prosélytisme débordant.
Je ne suis pas prête d'être sevrée
En prenant et en me servant de la bouteille.

Quand il est l'heure de passer à table
Je peux mettre les pieds dans le plat.
Ou encore ne pas être dans mon assiette.
Pour cela mes excuses les plus plates.
Quand j'ai les maux en nappes
Il est difficile de me tenir à carreau.
Dans tous les cas, vous allez être servi.
Bienvenue dans mon mot-deste restau.
J'espère que rien ne me dessert.
Et là où il y a à boire et à manger,
Si vous me laissez un pour-boire,
C'est bien sûr à votre santé
Que je trinquerai mon verre offert !

Les artistes

À l'étroit dans leurs peaux
Ils sont pourtant si élégants.
La poésie leur va comme un gant,
N'est pas hérésie pour les croyants.
Ça boue sous leurs chapeaux.
On le sait en les voyant,
Leur art est un pacte
Scellé par de belles paroles
Aussitôt qu'elles s'envolent.
Leurs verbes sont actes
Dont ils mesurent l'impact.
Leur verve est puissante
Autant que parfois indécente.
Ils sont loin d'être ingénus
Quand il faut se mettre à nu.
Ils sont bel et bien majestueux ;
Volubiles et impétueux
À l'instar de leurs pieds
Qu'ils content volontiers.
Même les réservés abdiquent
Face aux élans impudiques.

Expiration, inspiration
Que c'est beau, de l'air
En un monde qui s'essouffle.
Vertiges spectaculaires
Leur muse leur souffle
Ce qui époustoufle.


Se sont de curieux cancres
Qui ont jeté l'encre.
Une urgence vive
De résister à la dérive.
Leurs pamphlets irrévérencieux
Sont issus d'autres cieux
Que les propos bornés.
Ils ne se laissent pas berner.
Peu soucieux des élites,
Pour la beauté ils militent
Et ne cessent de l'invoquer.
La cueillant partout en bouquets.
Ils les offrent à la ronde,
En vers ou en proses fécondes.
Chantant comme des brels
Tel un besoin charnel,
Les joies et les peines
À en perdre haleine.
S'ils sont incisifs et cassants
Ils s'inspirent des maux passant.
Les fêlures ont fières allures.

REFRAIN

Même les plus débonnaires,
Entre ses bras, serrés
Couvent cent mille volts
Sous leurs airs désinvoltes.
Ils fuient l'ordinaire.
S'ils sont ferrés
Ils sont aussi tenaces,
Surtout sous la menace.
Héritage de leurs aînés,
Des tares de leur époque,
Des polices ils se moquent.
On les voit trainer
Dans les bars, sur les trottoirs.
À l'ombre, les enlumineurs
Sont de glorieux glaneurs.
À terre gisent les bandeaux
Des badins troubadours
Hélant les badauds.
C'est une grande famille
De piafs qui éparpillent
Leurs hymnes à l'amour.

Vertiges spectaculaires.
Leur muse leur souffle
Ce qui époustoufle.
Que c'est beau, de l'air
En un monde qui s'essouffle.

12 juin 2022

Racines

Jamais loin de mon pays
Le vent souffle ses chants
En de charmantes odes
Chargées d'iode, jusqu'ici
Douceur pastel des hortensias
Et des photographies sépia

Un retour aux origines.
Le cours des racines
Courant dans la bruyère,
Aussi vivaces que le lierre.
Elles permettent de nager
Pour ne pas naufrager
Esquiver les récifs, leurs crêtes.
Tels de fiers phares
Éclairant de vieux remparts
Au milieu des tempêtes,
Du ressac de l'océan
Aux abysses béants.
Elles sont nos escales
Quand on met les voiles.
Du plancher des vaches
Elles sont port d'attache.
Au creux des dunes,
Veillés par la lune
Et au gré des marées
Nous y sommes amarré.
Elles nous sont vitales.
Mémoires ancestrales
Gravées sur des dolmens
Et dans des grimoires.
Venues d'ères anciennes.
Colportées par les vagues
Qui font que l'on divague.

Elles nous guident
Du temps des druides
Éloignent des abîmes
Solides nous arrime
De la base jusqu'à la cime


Parées de blanche écume
Sous une pluie d'embruns
Elles dissipent la brume.
Elles ont le pied marin
Au bout de la terre.
Nourries de fabuleux contes
Qu'au coin du feu on raconte,
Au chaud dans les chaumières.
Attirées par les chimères,
Amies d'êtres imaginaires
Dansent avec les korrigans
Au ballet élégant
Des elfes et des fées.
Par un magique effet
Nos branches se déploient
Jusqu'à l'île de Groix.
Tout comme les ailes
Des mouettes et goélands.
À l'image du triskell
D'eau, de feu et d'air,
Aussi brut que la pierre.
Mariées aux éléments,
Au jaune des genêts
Et aux bleus grisés.
Les racines ont indiquées
Comment rentrer à quai
Aux bateaux dont le mât s'est brisé.

REFRAIN

Ici nous sommes nés
Aux sources de la mer.
Chemins de croix et calvaires
Dessinent nos racines
En point de repères.
Jamais déracinés,
Dressés tels les menhirs
Robustes tels des rocs de granit
Sculptés par l'érosion.
Pour mieux revenir
Chacun de nous hérite
De la culture de l'évasion
Suivant le sillon
Des légendes et traditions.
Des airs d'Irlande
Entre deux déferlantes
Et la verdoyante lande.
Attirées par l'horizon,
Fondues aux paysages
Que nous croisons,
Aux vastes étendues sauvages,
Au sable fin des plages
Et aux ocres rivages,
Elles vivent sur les grèves.
Nos racines celtiques
Sont authentiques.
Érigées en forêts magiques
Que coule leur sève.

Jamais loin de mon pays
Le vent souffle ses chants
En de charmantes odes
Chargés d'iode, jusqu'ici
Douceur pastel des hortensias
Et des photographies sépia

Clip
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10 juin 2022

Dame Nature

Coucou, salutations à vous Dame Nature.
Œillet cette ode qui vous est destinée.

Dame-d'Onze-Heures ou de minuit,
De mes jours et de mes nuits,
Je vous sais être mon avenir
Car c'est à l'ombre de vos Charmes
Que me séduit votre lumière.

Sous nos allures de Saules Pleureurs
S'épanchant au lit des rivières,
Nous sommes Compagnons fidèles.
Quand mes pas sur vos sentiers
Ressemblent à de charmants Lilas
Qui, à l'Aulne de nos matins,
Ont la superbe des éclats de rosée.

Délaissant les pétales du Souci
Ce sont des bouquets de Pensées
Que vous venez cueillir
À mon esprit tantôt printanier
Tantôt épris de vos hivernales langueurs.
Oui, ainsi je vous aime
Avec toute la ferveur du Perce-Neige ;
La délicate splendeur de la Rose ;
La mélancolie des Chrysanthèmes.
Oui, vous m'êtes vitale
Tel le poison à la Digitale.

Ainsi je me sens bourgeon
S'éveillant sans cesse avec vous
Au fil des saisons, sans oraisons.

Avec vous, ma belle Immortelle
L'éclosion du sommeil est fraîcheur
Comme vos robes en corolles colorées
Et vos apparats aux Boutons d'Or.
Point arrogante de par vos Arums,
En souveraine Reine-des-Près
À la couronne tressée de Coquelicots,
Vous fleurez bon l'élégante essence.

Pardonnez que je vous effeuille
Me comportant en herbe folle
Mais je Scille devant votre beauté,
Vos Iris irisés de verts chatoyants.
Vous êtes le Nombril de Vénus
Et je nous vois Flamboyants
D'un rouge vif passion
S'élançant jusqu'au firmament.

À la caresse de votre peau fertile
Je vous adresse mes gestes velours.
Me voilà enfin Arbre de Soie.
Si parfois encore je Tremble
Ma force est en vos racines
Et c'est envers et contre tout
Que je vous souffle ces vers.

Voyez les, vers vous s'envoler.
Vous la Narcisse des Poètes
Reflétant ce qu'ils ont en tête.
Ils se sont saisis de vos fantaisies,
Légers, subtils Oiseaux du Paradis.
La houle de vos cheveux-océans,
Décorée par des Oursins Bleus,
Met leurs cœurs bleutés en fête.

Veuillez accepter leurs battements,
En leurs vibrants hommages.
Car leur encre est leur sève et
Vous êtes l'auteure de leurs vies.

Dame Recouvrance

La vieille Dame Recouvrance
Habite un coin de terre,
Un endroit avec vue sur mer.
Lieu de ses errances.
Son regard porté vers elle
La fait partir bien loin,
Songer au départ des marins.

Elle en a eu des amants !
Des charmants, des fidèles,
Ils ont parcouru ses ruelles.
Certains ne sont pas revenus,
Elle n’était pas ingénue.
Bien plus nombreux
Sont ceux dont,
De péripéties ou libertinages,
Elle a fêté le retour.
Se reposant en ses rivages,
Promesses d’éternels amours.

Il y a des photos jaunies
Dans ses encombrés tiroirs.
Témoins de sa mémoire ;
De Brest la bombardée.
Elle bombe fièrement le torse,
Debout, les pieds dans l'eau,
Au détour de la rue Saint Malo.
Mais en voyant les pavés
Que la jeunesse vient fouler,
Elle se sait survivante
De la terrible guerre
Qui a tout détruit,
Des maisons, aux familles.
Elle en a fait des oraisons,
S’en est fait une raison.
Du malheur, une trace ;
Une plaie de peur,
Un rêve de paix.
Mais par un dur labeur
Elle s’est reconstruite.

Elle, bien en vie,
A l’esprit cosmopolite,
Est éprise d’horizons
Et aime voir du pays.
Côtoie des anciens
Qui lui parlent d’elle,
Au bon vieux temps.
Aussi des cadets,
Parfois décadents,
Mais qui avec respect
Perpétuent son vécu.

Elle a ses habitudes.
Pour ceux qui la visite,
De la gratitude.
A la sagesse du monde,
Entre savoir de tristesse,
Avoir de multiples joies.
Bouillon de culture,
Elle transmet tant
À qui sait l’écouter.

Tout comme moi,
Laissez vous donc conter
Les étonnantes histoires
De la vieille Dame Recouvrance,
Lors des soirées de veillées
Ou dans le souffle du noroît.

Le souffle des pages

Pour débuter notre préface,
Il est et rien ne l’efface,
« Être » même à l’imparfait.
En marge de l’avoir.
L’art de s’écrire,
Toujours un peu brouillon,
Mais à notre manière.
En scribe créateur.

Des bribes de mystères
Livrées en confessions
Nous font journal intime.
Se racontant en secret
Quelques mensonges infimes.
Raturés de regrets,
Nos écrits en « si »
Réalisent nos possibles.

La plume du songe
Nous trace en conte
À l’encre imaginaire.
Princesse ou pantin,
S’inventer autrement.
Ne jamais être la fable
De l’univers réel
Qui se rit de la morale.

Le souffle des pages
Insuffle nos mémoires.
L’inspiration du passé
Nous conjugue au présent.


Un besoin de se confier
Nous rend livre ouvert
Ou vers qui se livrent.
Nos proches nous racontent,
Lisant entre nos lignes.
Classique ou de poche,
De chevet ou de voyage,
Ils nous emportent partout.

D’aventure, on s’embarque
Au gré de nos transports,
En billets de trains de vie.
Romantique, un penchant
Fait de nos points des ports.
Passifs au bord des quais,
Se laisser mener en bateau,
Voguant aux flots des maux.

Les pages s’essoufflent,
Nostalgiques mémoires.
Noircies de passé,
Peau vierge au présent.


En un style naturel
Nous couchons notre âme
Sur nos corps de papier,
Parfois par un rien froissé.
Nous corrigeons des fautes
S’inscrivant chez les autres
Et encrons notre caractère
D’une impression indélébile.
Il était une fois
La dernière page tournée
En un ultime souffle.
Il en est ainsi de tout âge.
Une histoire s’achève,
Se ferme notre ouvrage.
Des recueils s’ouvrent
Pour des vies nouvelles.

Les pages s’essoufflent,
Nostalgiques mémoires.
Noircies de passé,
Peau vierge au présent.

Le souffle des pages
Insuffle nos mémoires.
L’inspiration du passé
Nous conjugue au présent.

09 juin 2022

Mélancolique

Un regard derrière toi
Où demeurent tes émois.
Égarée dans tes pensées
Tu tentes de t'évader.
La mélancolie s'en mêle.
À la fois tendre et cruelle.
Emportée par son élan
Tu entends sonner l'hallali.
Reviennent pêle-mêle
De divines idylles
D'anciens desseins
Des instants inouïs ;
Des mystères se devinent
Et bien d'autres trésors.
Essence de souvenirs
Qui ont encore tant à offrir.

Vertige érigé sur des vestiges
La nostalgie te berce
Par ses tours de magie.
Les nuages se percent,
Sublimes noces de cristal.
Tu divorces de tes écueils
Et scintille ton œil.
Les émotions s'étalent
À fleur de peau
Conservées avec dévotion.
Tu célèbres le beau
Dans un rayon de soleil
Aux éclats vermeil.
Bravant les brumes
De ton amertume.

Entre tristesse et allégresse
Elle est force et faiblesse.
Ton sanctuaire sacré
Pour te recueillir,
Fait pour accueillir
Tes lointains secrets.

Pour toi qui divague,
Obscure déroute
Submergée par les vagues
De troublants doutes,
En lames de fond ;
Aux profonds abysses
Où tu glisses.
Larme sucrée versée.
Le bien-être refait surface.
C'est une fugue fugace.
Une bouteille à la mer
Te sauvant de l'amer.
C'est, face à ton dépit,
Un moment de répit
Laissant sa trace
À marée basse.

Te voilà enchantée
Par la mélodie candide
De cette mélopée
Qui ne cesse de te hanter.
Tu te laisses envelopper
Par son chant splendide.
Cette rétrospective
Achève là tes dérives.
De nouveaux rivages,
Plus de naufrages.
Tu as fière allure.
Tes yeux se rivent
Vers ta fortune future.

REFRAIN

L'épopée

En vers, mes épîtres
Si difficile à clore
De prime abord.
J'en connais l'envers.
Un nouveau chapitre.
J'assume les choix qui m'échoient.

De défaites en victoires
Sans quête de gloire
Il n'y a rien d'héroïque
Dans ces histoires épiques.
Conquise par les conquêtes
J'esquive les incartades
Et pars en croisade.
Contrant les ennemis.
J'accepte les combats
Malgré les coups bas.
Ne craignant aucun défi.
Je ne nies pas mes échecs,
Mon armure est forgée
Pour pouvoir vivre avec.
La perte est dans le déni.
Sur l'espérance j'ai gagé.
Aux oubliettes les tragédies.
Ma bravoure à son apogée,
Que personne ne pourfende
Ma propre légende.

En vers, mes épîtres
Si difficile à clore
De prime abord.
J'en connais l'envers.
Un nouveau chapitre.
J'assume les choix qui m'échoient.

Une existence rustre.
Une épopée fantastique.
Avoir un avenir illustre
N'est pas l'apanage
Des mages et puissants rois.
De tournures dramatiques
En fantasmes oniriques
Mon ambition s'accroît.
Point d'ambages
Suivant mon adage :
C'est avec aplomb
Que je dois affronter
Ce qui ne peut s'éviter.
Ne cédant à l'abandon.
Les malédictions jetées
Ne sont que fiction.
Je me sais de faïence
Et pleine de vaillance.
Tant à accomplir
Avant de périr.

En vers, mes épîtres
Si difficile à clore
De prime abord.
J'en connais l'envers.
Un nouveau chapitre.
J'assume les choix qui m'échoient.

Tableau réalisé par Stoven Stof, inspiré de ce texte