17 août 2022

En poésie

Habiter en poésie
C'est faire chanter le silence
En harmonie avec son âme,
Écouter ce que dictent ses sens.

C'est semer de la fantaisie
Dans un univers terne.
Gratter la rouille,
La poussière du temps
Depuis longtemps déposées
Sur nos cœurs en berne.
S'accorder une trêve.
Suspendre l'instant
À l'étoile de nos rêves.
Surprendre le lecteur
À des endroits qu'il ne connaissait pas.
. C'est s'inscrire dans la marge.
Semer quelques messages
Le long de son passage.
C'est laisser sa muse s'exprimer
Au nom de tous les opprimés.
Écrire partout, sur les murs,
S'accorder au passé, présent et futur.
Aussi savoir tourner la page,
Lire à travers les ratures.

S'inspirer de la nature,
Couper l'herbe sous le pied
De ceux qui la souille.
Sentir couler en soi la sève
Des mots à la force vitale,
L'énergie qui nous sied.
Une écriture végétale.
Chaque ondée d'inspiration,
Chaque nouvelle respiration,
Fait germer la beauté
Partout où passe la plume.

De la joie à l'amertume,
En passant par l'amour et la cruauté,
Les poètes ravivent la flamme
Aux bois dont ils se chauffent.
Debout au sein d'une foule
Qui sous les mauvais vents croule,
Ils bousculent et apostrophent,
Avec des mots plein de douceur
Ou tranchants comme une lame.
Ils expriment leur ardeur,
Ce jusqu'à pas d'heure.

Habiter en poésie
C'est redonner de la splendeur
À tout ce qui fane.
Un frisson parcourt la feuille,
Transporte celui qui l'accueille.

Compter, ou pas, ses pieds
Quand seule compte la mesure
De nos émotions émerveillées.
Battre le fer tant qu'il est chaud.
Condamner la violence
Par la justesse de ses sentences.
Faire usage du faux
Seulement pour mieux révéler le vrai.
Le moment de se mettre à nu est venu
Alors on abandonne l'armure.
Tout est bon pour se délivrer,
Du cri de colère aux murmures.

Être poète
C'est être habité par la poésie.
Lui laisser la clé de notre esprit
Lorsqu'elle nous a choisi.
Ne pas croire au hasard.
C'est faire de ce noble art
Un passe-temps de prédilection.
C'est trouver des mots de collection,
De véritables trésors,
Fouillant dans de grands paniers
Dans de vieux greniers.
Leur faire prendre la lumière,
Là, couchés sur le papier.
C'est être chercheur d'or,
Attendant la fameuse pépite
Faisant de nous un être riche.
Elle sera la raison de sa quête.
Accueillir en soi ce qui palpite
Au sein vivant de l'univers.
C'est mener l'enquête
Épris d'inédit et de faits divers.
C'est, pour celui qui s'endort,
Voir ses songes éclore
Sur des feuilles immaculées.
En effeuiller les pétales
Pour atteindre le cœur.
C'est se libérer de ses peurs,
Exorciser tous les démons,
Oublier leurs sermons.
C'est être un miraculé.
C'est faire naître le sens
De l'insondable néant.
C'est être sur son séant,
À la fois si présent et absent,
Et voir son âme s'envoler.
La poésie est l'essence.
La source de toute chose.

Vivre de poésie,
C'est choisir le chemin le plus beau,
Aspirer à monter toujours plus haut.
Peindre la vie toujours plus rose.
C'est raconter son histoire,
Y ajouter des enluminures.
La croiser avec celle de son prochain,
Tel on le prendrait par la main.
Mêlée à celle en lettre majuscule,
C'est la graver pour l'éternité,
Lui accorder de la légitimité.

C'est notre chance de laisser une trace
Lorsque la faux menace la vie fugace.
Poésie en offrande sur le divin autel.
Se saisir de la magie à portée de main
Du commun des mortels.

© Slamity Jane - SACEM

14 août 2022

Tenir ou courir

La question est : vaut-il mieux courir que tenir ?
Ou bien tenir que courir ?

Il y a une pensée sur laquelle les gens jamais ne se trompent :
Pour marcher droit, il faut être à l'aise dans ses pompes.

Je veux à tous prix me dégoter une vie à ma taille.
Avancer sur ce terrain miné quitte à me trouver sur la paille.
Mal aux pieds ou pas, je ferai face à des pointures.
Pas à pas, je ferai reluire et casserai mes chaussures.

J'me retourne, les rêves piétinés sont sur mes talons
Mais le rétro reflète que le chemin est encore assez long.
C'est pourquoi, je préfère croquer la vie que laisser la mort venir,
Garder avec coffre pour le futur ces kilomètres qui m'ont vu partir.

J'vais pas prendre exemple et marcher sur les pieds des autres.
J'veux tracer ma route, de mes idées me faire l'apôtre.
Un acquis n'est pas résultat d'un rendu, j'me suis pas perdue.
Les faux pas font les grandes avancées et le but tant attendu.

La distance ça use les souliers, sereinement j'en fais la somme.
La douleur, une pierre sur la voie de l'existentiel dogme.

Vois, je suis habile et en aucun cas je crains la déroute.
Les empreintes, témoins du passé, sont entachées de doutes.
Mais celles à venir, cheminant entre rires et soupirs,
Me verront voyager vers les destinations auxquelles j'aspire.

Mon moteur jamais ne s'essouffle et mon essence n'a pas de prix.
Même à bout de force il n'y a pas de limites à la volonté de l'esprit.

Alors entre tenir ou courir, j'ai pas mis longtemps à choisir.
J'ai pris comme bagages souvenirs et désirs.
Posée sur un banc, j'ai suspendu le temps pour réfléchir.
Puis l'autoroute de la vie m'a permis de me remettre en selle,
D'user sur d'inhabituels territoires mes insouciantes semelles.

Alors, au final, dis moi : vaut-il mieux courir que tenir ?
Ou bien tenir que courir ?

Après cette expédition terre à terre, calmée dans mes pantoufles,
J'prends conscience que l'existence est une bien étrange balade
Qui nous trimballe d'une nature calme à d'insidieuses barricades.

Alors le constat que je maintiendrai jusqu'au dernier souffle
Est qu'en fin de compte il vaut mieux tenir que courir.
En fin de compte, plutôt tenir que courir.

© Slamity Jane - SACEM

11 août 2022

L'antidote

La consternation me frôle.
Je constate chez l'Homme
De drôles syndromes
D'une maladie traître,
Établie de longue date.
Qui mène l'humain
À être prit par la main
Pour savoir qui être.
Vois, son spectre plane
Et glane les gens perdus.
Pendus à leurs incertitudes.
Elle leur donne la latitude,
Leur dicte leurs attitudes
Quelles sont leurs habitudes.
Dès le départ, pas immunisés.
En phase finale, déshumanisés.

Il est si morne
D'être dans les normes.
Dépasser les bornes
Partout imposées.
Réparer le mal causé.
Ne point être conforme
Ni dans le fond
Ni dans la forme.
C'est vraiment si bon.
Se moquer de sa cote.
Injecter l'antidote.

Des milliards d'individus
À la quête assidue
De ce qu'ils sont.
Certains mordent à l'hameçon
De l'uniformisation insigne
D'une société indigne
De leurs diversités.
D'autres bravent ce cyclone,
Assument leur personnalité.
À l'opposé de ces clones
Aux identités identiques.
Résultats synthétiques.
Ils ont l'esprit fantasque
Passant pour marginaux
Car osent être originaux.
Au sommet de leurs frasques
Ils ôtent leurs masques.
À l'aisance affichée
C'est sans clichés
Qu'on ne peut les ficher.

Il est si morne
D'être dans les normes.
Dépasser les bornes
Partout imposées.
Réparer le mal causé.
Ne point être conforme
Ni dans le fond
Ni dans la forme.
C'est vraiment si bon.
Se moquer de sa cote.
Injecter l'antidote.

Plus de propagande
De marchands de tapis
Qui été tapie partout,
Génératrice de pâles copies.
Vues comme des atouts,
Différences en offrandes
À tous leurs semblables.
Divergences familières.
Une fraternité probable.
Unité à part entière
Au sein de la fourmilière.
Une par une les doctrines
Tombent au puits des origines.
À l'union arc-en-ciel des peaux.
L'authenticité pour drapeau.
Que jamais les goûts variés
Ne se versent dans ce tout-à-l'égoût.
Ne servent ce ramassis avarié.

Il est si morne
D'être dans les normes.
Dépasser les bornes
Partout imposées.
Réparer le mal causé.
Ne point être conforme
Ni dans le fond
Ni dans la forme.
C'est vraiment si bon.
Se moquer de sa cote.
Injecter l'antidote.

Pas question de se laisser lissé.
Les parjures, les faire glisser
Ainsi que leur kyrielle
De grossières injures.
Chacun avec ses aspérités
Sur cette toile plurielle
A sa touche à apporter.
Pas sages comme des images
Car animés par la liberté.
Jamais ne se défilent
Les pantins affranchis des fils.
Là, la piste se dessine
Ils déposent leurs empreintes
Pour ceux qui l'emprunte.
Tous y chemine,
Nul besoin d'un permis.
Ceux qui ne se sont pas compromis
On tout à y gagner, promis.

08 août 2022

Myosotis

Je sème des pétales de myosotis
Sur la route où l'oubli s'immisce.
Lasse, je perds mes repères.
Les gens qui m'aiment tissent
Des instants aux instincts éphémères.
Je ne me rappelle plus d'où je viens.
Le chemin qu'il me reste s'écourte.
Mon nom, c'est à peine si je m'en souviens.
C'est fou ce que j'ai la mémoire courte.
Qui est cette personne dans la glace ?
Inexorablement le passé s'efface
Et ne laisse derrière lui aucune trace.

Ne m'oubliez pas,
Vous êtes ma mémoire.
La fleur de l'âge
Est un naufrage
Fait de trous noirs.
Ne m'oubliez pas
Vous conterez mon histoire.

Les années ont vu les souvenirs se faner,
Aux oubliettes ce que j'ai glané.
Je ne sais plus ce que j'ai bâti,
Combien d'êtres chers sont partis.
Abatis de songes flous,
Nature morte d'émois,
Mon esprit s'amenuise à quelques mois.
Devenue étrangère à moi même,
Vous m'évoquez ce que j'étais autrefois.
Semblant briser le terrible anathème,
Des bribes de vie parfois reviennent
Quand vos mains tiennent la mienne.
Alors heureuse je me remémore
Ce qui en moi sommeille,
Comme au sortir d'une longue veille.
C'est grâce à vous que j'existe encore.

Ne m'oubliez pas,
Vous êtes ma mémoire.
La fleur de l'âge
Est un naufrage
Fait de trous noirs.
Ne m'oubliez pas
Vous conterez mon histoire.

Mon front est ridé par l'amnésie.
Vos sourires réchauffent les hivers
Frileux de ma vieillesse transie.
Un peu de bonheur et d'ambroisie,
Là où la mélancolie du crépuscule
Teinte de bleu les aubes d'antan.
Vous qui surveillez la pendule,
Si vous voyez des myosotis fleurir
Rappelez vous qu'il faut chérir
Chaque moment offert
Avant que ne les emportent le temps.

© Slamity Jane - SACEM

03 août 2022

S'écrire

Prendre la plume pour écrire un texte engagé.
Au trône de la réalité, faire ses convictions siéger.
Afin que nos droits soient sereins, non pas fustigés
Au profit d'un système carcéral qui nous a piégé.
Des barreaux ne nous faisant taire, plutôt enrager.
Nous sommes maîtres de nos pensées, même affligés.
Mais la tête sous l'eau, il devient impossible de songer.
Au quotidien c'est notre argent que l'on doit allonger,
Pour survivre dans le matériel et ne pas plonger.
La conscience peut évoluer en palpable objet.
Peu importe le verbe imposé. Sais faire de toi le sujet.
Écrit sans craindre les exclamations. Souligne les préjugés.
Lorsque la société te censurera avec son devoir de te juger,
C'est la liste des faits à dénoncer qui se verra prolongée.
Si nos stylos pleurent pour la liberté d'expression figée,
Nos esprits n'ont pas souvenir qu'une stèle lui ai été érigée.
Alors continuons de la faire vivre, sans cesse revue et corrigée.

Écrire comme un accouchement verbal illégal que l'on assume.
Écrire pour ceux que l'on aime, se libérer de son amertume.
Écrire simplement pour libérer toute la ferveur de sa plume.

Aérer son cœur pour écrire une lettre d'amour.
Ouvrir la porte au lieu de la fermer à double tour.
Comme un hymne aux êtres chers qui nous entourent.
Leurs paroles sont pures, parfois dures, bénéfiques toujours.
Même leurs silences expriment une fidélité sans recours.
Le partage est scellé, tel un pacte excluant un retour.
Leur signature : un sourire, un geste, un simple bonjour ;
Car en sentiment il n'y a pas besoin de long discours.
Au moindre vague à l'âme, lame de fond, ils accourent.
Du cadran les aiguilles ont déjà fait le tour.
Les moments passés avec eux sont vraiment trop courts.
Ils parent nos lieux habituels des plus beaux atours.
Ensemble du monde nous redessinons les contours.
Les fardeaux partagés semblent beaucoup moins lourds.
Pour tout cela, ils méritent des déclarations de troubadour :
Que les mots aient la fraîcheur des premiers jours,
La beauté des richesses qu'ils sèment sur nos parcours.

Écrire comme un accouchement verbal illégal que l'on assume.
Écrire pour ceux que l'on aime, se libérer de son amertume.
Écrire simplement pour libérer toute la ferveur de sa plume.

Écrire comme se propage une marée noire.
Noircir des pages pour crier son désespoir.
À vif, sur le fil du rasoir
Trancher les attentes illusoires.
Sortir la boîte de Pandore du tiroir
Afin de la sceller d'un indestructible fermoir.
Exorciser les démons pour ne pas choir,
Ne pas finir broyé entre leurs mâchoires.
Avoir gagné au moins une victoire.
Comme on agiterait un mouchoir,
Au revoir la tristesse et son frêle bougeoir.
Prendre le stylo comme exutoire,
La clé pour s'évader de l'étouffoir,
Trouver une autre issue à l'histoire.
À la source de l'encrier, croire
En la renaissance ; enfin s'émouvoir.
L'écriture a ce magique pouvoir.

Écrire comme un accouchement verbal illégal que l'on assume.
Écrire pour ceux que l'on aime, se libérer de son amertume.
Écrire simplement pour libérer toute la ferveur de sa plume.

Printemps des poètes

Je vous invite à découvrir les textes que j'ai écris à l'occasion des diverses éditions du Printemps des poètes


L'ARDEUR

Que serions nous sans ardeur ?
De simples pantins
Aux mains du destin
Privés des grands festins

Alors nous devons croire corps et âme.
Sans cesse raviver notre flamme.
Défendre ce qui nous est cher
En humains plein d'esprit et de chair.
Entrer dans le cercle vertueux,
Toujours déterminés et impétueux.
Les yeux bien ouverts et sans arrêt,
Esquiver un à un les leurres,
Protéger ce qui nous tient à cœur
Contre dangers, vents et marées.
Avec la fougue de la jeunesse
Ou la sage mesure de la vieillesse,
Que seule nous guide notre foi,
La force ancrée pour unique loi.

Que serions nous sans ardeur ?
De simples pantins
Aux mains du destin
Privés des grands festins

L'ardeur, alliage de volonté et de ténacité
Qui attise notre vivacité.
Se jeter, vaillant, dans la bataille
Malgré les doutes tenaillant
Car nos convictions sont de taille
Pour nous faire gagner nos luttes.
S'attacher à ce qui nous grise
Et finalement pouvoir lâcher prise
Seulement après avoir atteint nos buts.
La réponse est en ses vibratoires échos.
Avec la vigueur d'un coriace coquelicot,
La ferveur éclate au milieu des déserts,
Efface la rigueur des longs hivers
Et éclosent des spirées de désirs.

Pourquoi devrions nous avoir à choisir
Parmi tout ce qui nous consume ?
Comme nos rêves d'enfants à la craie
Dissipons les assaillantes brumes,
Surtout nourrissons notre feu sacré.

Que sommes nous avec ardeur ?
Plus des pantins
Mais des maîtres du destin
Savourant les grands festins


20 SECONDES DE COURAGE

20 secondes de courage
Suffisent pour scier les barreaux
Dont nous sommes otages.
20 secondes de courage
Pour foncer comme un taureau.
Prendre les choses en main
Au lieu de les laisser s'échapper.
Ne plus seulement remettre à demain
Ce que le temps peut facilement happer.
Trop humain, défier les cieux.
20 secondes de courage
Pour oser ouvrir les yeux
Sur la laideur qui nous entoure.
Où nous combattons la torpeur
Que la peur a semé sur son passage.
20 secondes pour refaire le parcours
Puis pouvoir avancer tout droit,
Tourner définitivement la page.
Tout est possible à qui est adroit.
20 secondes de courage
Et soudain tout devient limpide.
20 secondes de courage
Pour oser sauter encore dans le vide
Après avoir affronté l'inévitable chute.
Se trouver un véritable but,
Mettre un terme à la lutte
Et se donner corps et âme.
Là est notre sésame
Pour enfin lâcher prise,
Se libérer des nocives emprises.

20 secondes
C'est juste le temps nécessaire
Afin de se sentir de taille
À se jeter dans la bataille,
Quel que soit l'adversaire.
Ne plus être lâche, juste sincère.
20 secondes droit dans ses bottes
Et pour toujours avec la tête haute.
20 secondes de courage
Pour mettre fin à toutes mascarades.
Au risque de se prendre une douche froide
Après avoir subi les flammes.
Afin d'apaiser notre dévorante rage.
20 secondes de courage,
Coup d'éclat responsable,
Par lequel la vie n'est plus un drame.
Permettant de faire un choix,
Sans vraiment savoir où l'on va.
Pour ôter de la roue le grain de sable
Et que s'impose l'évidence.
Où se brise le silence
S'énonce clairement l'imprononçable.
20 secondes de courage
Pour faire passer son message
Après être resté trop longtemps muet,
Que le cœur se soit trop serré.
20 secondes de courage
Pour affronter le regard de l'Autre
Lorsqu'il nous a foudroyé.
20 secondes où l'on ne baisse pas le nôtre.
Bravant ceux qui se sont trop octroyé
De liberté et nous en ont privé.
20 secondes de courage
Pour aussi se remettre en question,
Abandonner certaines convictions.
20 secondes de courage
Faîtes pour se pardonner.
Grâce auxquelles on reçoit
Tout autant que l'on a donné.

Quoi qu'il en soit
20 secondes de courage,
De cela il ne faut pas douter,
Peuvent à jamais tout changer.


DÉSIRS PLURIELS

Désirer ce que l'on ne peut avoir,
Obscur refus de le voir.
Une obsession virale.
Pris dans une spirale infernale,
Lancé dans une quête d'absolu,
Y chercher son salut.
Ne jamais abdiquer,
Fou rêveur appliqué.
Sans cesse faire le grand saut.
Sans cesse partir à l'assaut
De l'étoile qui scintille,
Inaccessible là haut.
Celle qui dans nos yeux brille.

Le désir et ses bienfaits.
Le désir et ses méfaits.
Le désir et ses mets fins,
Déplaisir des défunts.

Envier ce qu'à son prochain :
Un amour, une amitié,
Le dernier truc à la mode ;
En espérant vivre avec entrain,
Voilà qui n'est pas commode.
Par contre c'est parfait
Pour vivre dans son entier
L'état de manque permanent,
Passer à côté d'ici, de maintenant.
Heureux celui qui se défait
Des liens de la jalousie,
La voyant comme hérésie
À la notion même de bonheur.
Qui ne vit que de candeur.

Le désir et ses bienfaits.
Le désir et ses méfaits.
Le désir et ses mets fins,
Déplaisir des défunts.

Je tatoue sur ma peau
L'empreinte de ton désir,
Esquisse peinte du plaisir.
Ton regard est caresse
Qui glisse comme l'eau,
Entre pur sexe et tendresse.
Je cède à l'attraction,
Tombe en vertige de sensations.
Tes mots chauds à mon oreille
Chassent le sommeil.
Ensemble nous sommes prolixes.
Les acteurs sans pareil
D'une histoire classée X.

Le désir et ses bienfaits.
Le désir et ses méfaits.
Le désir et ses mets fins,
Déplaisir des défunts.

Une envie de partage,
Tirer des traits d'union.
De solitude de passage,
Fuir les réunions.
Ribambelle de désirs pluriels,
Aux envies singulières
Qui envahissent tel le lierre
Nos passages à vide d'hier,
Avalanche sensorielle.
Avides de goûter à tout,
Se satisfaisant d'un rien partout.
Désireux de ne plus perdre une goutte
Des plaisirs s'offrant sur la route.

Le désir et ses bienfaits.
Le désir et ses méfaits.
Le désir et ses mets fins,
Déplaisir des défunts.


DÉSIR PROSTITUÉ

Votre désir n'est pas le mien,
Je suis juste là pour vous faire du bien.
Alors que vous faites votre affaire,
Je me tue à la besogne.
Bienvenu dans mon enfer,
Dans mon cœur la tristesse cogne.
Oui, vous vous méprenez,
Je ne jouis pas quand vous me prenez.
Je quitte mon corps,
Sous le vôtre enfiévré,
J'n'entends plus vos « encore, encore ».
Je ne suis délivrée
Que lorsque vient votre petite mort.
Je fais partie du décor,
Objet de vos fantasmes.
Lorsque se referme la porte
J'aimerai que le diable vous emporte.
Je sombre dans le marasme
Alors que je vous vois partir
Avec sur le visage, un large sourire.

Je suis une prostituée
Juste là pour vous servir
Je suis une prostituée
Faire l'amour n'est pas mon avenir.

Je ne suis à eux qu'un instant,
Le temps de les divertir
De leur quotidien fade,
Je ne m'amuse pas pour autant.
Le mien est maussade.
Et ma beauté de se ternir.
Ils aiment me savoir à eux offerte.
Me vois irrésistible abeille
Qui pour un peu d'oseille
Accepte leur miel vénéneux.
Entre mes cuisses ouvertes
J'accueille les plus libidineux,
Voir les plus obscènes ;
Habituée à ces sordides scènes,
À l'abandon et aux fracas.
Certains sont plus délicats,
Susurrant même des mots d'amour,
Qu'il me plaît à répéter à l'infini…
Mais ils se meurent au petit jour,
Lover dans les draps froids dès l'acte fini.

Je suis une prostituée
Juste là pour vous servir
Je suis une prostituée
Faire l'amour n'est pas mon avenir.

On m'appelle « fille de joie »,
Sauf qu'il n'y en a pas pour moi.
À la lumière du lampadaire
Je blêmis et manque d'air.
Mes attentes restent sur le trottoir,
C'est toujours la même histoire.
Je ne suis qu'un fantôme
Hantant l'esprit des hommes.
Je suis source de plaisir,
Tarie par la sécheresse
De ceux qui me veulent pécheresse,
Clouée au lit à loisir.
Ils en ont pour leur argent
Et c'est moi qui en paye le prix,
Récoltant le terrible mépris
De la plupart des gens.
Il est devenu ordinaire
De me nommer de manière vulgaire
« la putain »...

Et entre vos mains
Je ne suis plus qu'un pantin.

Je suis une prostituée
Juste là pour vous servir
Je suis une prostituée
Faire l'amour n'est pas mon avenir.


L'ÉPHÉMÈRE

Je suis un éphémère
L'espace d'un bref instant
Apparu sous ton regard.
De ces signes que l'on attend.
Envolé de mes ailes fragiles
Telles les secondes agiles.
Cela fait longtemps
Que tu ne crois plus au hasard.
Pourtant je n'ai fait que passer
Laissant une trace sensorielle,
Une empreinte intemporelle.
Réparant une part de toi cassée.

Tu as vu un bon présage
Dans mon passage,
Tu as su que tu saisirais
L'insolente beauté fugitive
Et qu'elle durerait.

Tu chéris ma présence furtive.
À présent dans ta mémoire,
Je suis un souvenir d'espoir.
Rencontre de deux mortels
À la portée éternelle.


LE SAGE

C'est à force de patience
Que de savourer il a cultivé la science.
C'est avec les années qu'il est devenu
Contemplatif et conservateur du beau.

Il est loin le temps où il était ingénu.
Suivant indolent le vol du corbeau.
Il a tant de fois questionné les nues,
Se demandant quels étaient ses desseins.

Il a poursuivi, conquérant, son chemin,
Le cœur empli d'espoir pour demain.
Dédaignant l'oubli assassin.
Il en a vu des bons moments s'évaporer
Mais n'est pas pour autant éploré.

Il a gravé avec amour en son sein
Les beaux instants enfuis.
Il les revit à sa guise avec nostalgie,
Chasse la peur de l'éphémère lorsqu'elle surgit.

Il sait que courte est la course de la vie.
Même prompt, personne n'en réchappe.
Pour réaliser ses chenues envies
Il faut toujours garder le cap.

Il laisse partir ce qui lui échappe.
Garde l'essentiel et l'immortalise.
En toute occasion il relativise.
Le passé en gardien de ses souvenirs.

Lorsque la mort viendra le chercher
Il aura longtemps marché
Et s'en ira avec le sourire
De ceux pour qui le temps n'est pas un martyre.