03 août 2022

Printemps des poètes

Je vous invite à découvrir les textes que j'ai écris à l'occasion des diverses éditions du Printemps des poètes


L'ARDEUR

Que serions nous sans ardeur ?
De simples pantins
Aux mains du destin
Privés des grands festins

Alors nous devons croire corps et âme.
Sans cesse raviver notre flamme.
Défendre ce qui nous est cher
En humains plein d'esprit et de chair.
Entrer dans le cercle vertueux,
Toujours déterminés et impétueux.
Les yeux bien ouverts et sans arrêt,
Esquiver un à un les leurres,
Protéger ce qui nous tient à cœur
Contre dangers, vents et marées.
Avec la fougue de la jeunesse
Ou la sage mesure de la vieillesse,
Que seule nous guide notre foi,
La force ancrée pour unique loi.

Que serions nous sans ardeur ?
De simples pantins
Aux mains du destin
Privés des grands festins

L'ardeur, alliage de volonté et de ténacité
Qui attise notre vivacité.
Se jeter, vaillant, dans la bataille
Malgré les doutes tenaillant
Car nos convictions sont de taille
Pour nous faire gagner nos luttes.
S'attacher à ce qui nous grise
Et finalement pouvoir lâcher prise
Seulement après avoir atteint nos buts.
La réponse est en ses vibratoires échos.
Avec la vigueur d'un coriace coquelicot,
La ferveur éclate au milieu des déserts,
Efface la rigueur des longs hivers
Et éclosent des spirées de désirs.

Pourquoi devrions nous avoir à choisir
Parmi tout ce qui nous consume ?
Comme nos rêves d'enfants à la craie
Dissipons les assaillantes brumes,
Surtout nourrissons notre feu sacré.

Que sommes nous avec ardeur ?
Plus des pantins
Mais des maîtres du destin
Savourant les grands festins


20 SECONDES DE COURAGE

20 secondes de courage
Suffisent pour scier les barreaux
Dont nous sommes otages.
20 secondes de courage
Pour foncer comme un taureau.
Prendre les choses en main
Au lieu de les laisser s'échapper.
Ne plus seulement remettre à demain
Ce que le temps peut facilement happer.
Trop humain, défier les cieux.
20 secondes de courage
Pour oser ouvrir les yeux
Sur la laideur qui nous entoure.
Où nous combattons la torpeur
Que la peur a semé sur son passage.
20 secondes pour refaire le parcours
Puis pouvoir avancer tout droit,
Tourner définitivement la page.
Tout est possible à qui est adroit.
20 secondes de courage
Et soudain tout devient limpide.
20 secondes de courage
Pour oser sauter encore dans le vide
Après avoir affronté l'inévitable chute.
Se trouver un véritable but,
Mettre un terme à la lutte
Et se donner corps et âme.
Là est notre sésame
Pour enfin lâcher prise,
Se libérer des nocives emprises.

20 secondes
C'est juste le temps nécessaire
Afin de se sentir de taille
À se jeter dans la bataille,
Quel que soit l'adversaire.
Ne plus être lâche, juste sincère.
20 secondes droit dans ses bottes
Et pour toujours avec la tête haute.
20 secondes de courage
Pour mettre fin à toutes mascarades.
Au risque de se prendre une douche froide
Après avoir subi les flammes.
Afin d'apaiser notre dévorante rage.
20 secondes de courage,
Coup d'éclat responsable,
Par lequel la vie n'est plus un drame.
Permettant de faire un choix,
Sans vraiment savoir où l'on va.
Pour ôter de la roue le grain de sable
Et que s'impose l'évidence.
Où se brise le silence
S'énonce clairement l'imprononçable.
20 secondes de courage
Pour faire passer son message
Après être resté trop longtemps muet,
Que le cœur se soit trop serré.
20 secondes de courage
Pour affronter le regard de l'Autre
Lorsqu'il nous a foudroyé.
20 secondes où l'on ne baisse pas le nôtre.
Bravant ceux qui se sont trop octroyé
De liberté et nous en ont privé.
20 secondes de courage
Pour aussi se remettre en question,
Abandonner certaines convictions.
20 secondes de courage
Faîtes pour se pardonner.
Grâce auxquelles on reçoit
Tout autant que l'on a donné.

Quoi qu'il en soit
20 secondes de courage,
De cela il ne faut pas douter,
Peuvent à jamais tout changer.


DÉSIRS PLURIELS

Désirer ce que l'on ne peut avoir,
Obscur refus de le voir.
Une obsession virale.
Pris dans une spirale infernale,
Lancé dans une quête d'absolu,
Y chercher son salut.
Ne jamais abdiquer,
Fou rêveur appliqué.
Sans cesse faire le grand saut.
Sans cesse partir à l'assaut
De l'étoile qui scintille,
Inaccessible là haut.
Celle qui dans nos yeux brille.

Le désir et ses bienfaits.
Le désir et ses méfaits.
Le désir et ses mets fins,
Déplaisir des défunts.

Envier ce qu'à son prochain :
Un amour, une amitié,
Le dernier truc à la mode ;
En espérant vivre avec entrain,
Voilà qui n'est pas commode.
Par contre c'est parfait
Pour vivre dans son entier
L'état de manque permanent,
Passer à côté d'ici, de maintenant.
Heureux celui qui se défait
Des liens de la jalousie,
La voyant comme hérésie
À la notion même de bonheur.
Qui ne vit que de candeur.

Le désir et ses bienfaits.
Le désir et ses méfaits.
Le désir et ses mets fins,
Déplaisir des défunts.

Je tatoue sur ma peau
L'empreinte de ton désir,
Esquisse peinte du plaisir.
Ton regard est caresse
Qui glisse comme l'eau,
Entre pur sexe et tendresse.
Je cède à l'attraction,
Tombe en vertige de sensations.
Tes mots chauds à mon oreille
Chassent le sommeil.
Ensemble nous sommes prolixes.
Les acteurs sans pareil
D'une histoire classée X.

Le désir et ses bienfaits.
Le désir et ses méfaits.
Le désir et ses mets fins,
Déplaisir des défunts.

Une envie de partage,
Tirer des traits d'union.
De solitude de passage,
Fuir les réunions.
Ribambelle de désirs pluriels,
Aux envies singulières
Qui envahissent tel le lierre
Nos passages à vide d'hier,
Avalanche sensorielle.
Avides de goûter à tout,
Se satisfaisant d'un rien partout.
Désireux de ne plus perdre une goutte
Des plaisirs s'offrant sur la route.

Le désir et ses bienfaits.
Le désir et ses méfaits.
Le désir et ses mets fins,
Déplaisir des défunts.


DÉSIR PROSTITUÉ

Votre désir n'est pas le mien,
Je suis juste là pour vous faire du bien.
Alors que vous faites votre affaire,
Je me tue à la besogne.
Bienvenu dans mon enfer,
Dans mon cœur la tristesse cogne.
Oui, vous vous méprenez,
Je ne jouis pas quand vous me prenez.
Je quitte mon corps,
Sous le vôtre enfiévré,
J'n'entends plus vos « encore, encore ».
Je ne suis délivrée
Que lorsque vient votre petite mort.
Je fais partie du décor,
Objet de vos fantasmes.
Lorsque se referme la porte
J'aimerai que le diable vous emporte.
Je sombre dans le marasme
Alors que je vous vois partir
Avec sur le visage, un large sourire.

Je suis une prostituée
Juste là pour vous servir
Je suis une prostituée
Faire l'amour n'est pas mon avenir.

Je ne suis à eux qu'un instant,
Le temps de les divertir
De leur quotidien fade,
Je ne m'amuse pas pour autant.
Le mien est maussade.
Et ma beauté de se ternir.
Ils aiment me savoir à eux offerte.
Me vois irrésistible abeille
Qui pour un peu d'oseille
Accepte leur miel vénéneux.
Entre mes cuisses ouvertes
J'accueille les plus libidineux,
Voir les plus obscènes ;
Habituée à ces sordides scènes,
À l'abandon et aux fracas.
Certains sont plus délicats,
Susurrant même des mots d'amour,
Qu'il me plaît à répéter à l'infini…
Mais ils se meurent au petit jour,
Lover dans les draps froids dès l'acte fini.

Je suis une prostituée
Juste là pour vous servir
Je suis une prostituée
Faire l'amour n'est pas mon avenir.

On m'appelle « fille de joie »,
Sauf qu'il n'y en a pas pour moi.
À la lumière du lampadaire
Je blêmis et manque d'air.
Mes attentes restent sur le trottoir,
C'est toujours la même histoire.
Je ne suis qu'un fantôme
Hantant l'esprit des hommes.
Je suis source de plaisir,
Tarie par la sécheresse
De ceux qui me veulent pécheresse,
Clouée au lit à loisir.
Ils en ont pour leur argent
Et c'est moi qui en paye le prix,
Récoltant le terrible mépris
De la plupart des gens.
Il est devenu ordinaire
De me nommer de manière vulgaire
« la putain »...

Et entre vos mains
Je ne suis plus qu'un pantin.

Je suis une prostituée
Juste là pour vous servir
Je suis une prostituée
Faire l'amour n'est pas mon avenir.


L'ÉPHÉMÈRE

Je suis un éphémère
L'espace d'un bref instant
Apparu sous ton regard.
De ces signes que l'on attend.
Envolé de mes ailes fragiles
Telles les secondes agiles.
Cela fait longtemps
Que tu ne crois plus au hasard.
Pourtant je n'ai fait que passer
Laissant une trace sensorielle,
Une empreinte intemporelle.
Réparant une part de toi cassée.

Tu as vu un bon présage
Dans mon passage,
Tu as su que tu saisirais
L'insolente beauté fugitive
Et qu'elle durerait.

Tu chéris ma présence furtive.
À présent dans ta mémoire,
Je suis un souvenir d'espoir.
Rencontre de deux mortels
À la portée éternelle.


LE SAGE

C'est à force de patience
Que de savourer il a cultivé la science.
C'est avec les années qu'il est devenu
Contemplatif et conservateur du beau.

Il est loin le temps où il était ingénu.
Suivant indolent le vol du corbeau.
Il a tant de fois questionné les nues,
Se demandant quels étaient ses desseins.

Il a poursuivi, conquérant, son chemin,
Le cœur empli d'espoir pour demain.
Dédaignant l'oubli assassin.
Il en a vu des bons moments s'évaporer
Mais n'est pas pour autant éploré.

Il a gravé avec amour en son sein
Les beaux instants enfuis.
Il les revit à sa guise avec nostalgie,
Chasse la peur de l'éphémère lorsqu'elle surgit.

Il sait que courte est la course de la vie.
Même prompt, personne n'en réchappe.
Pour réaliser ses chenues envies
Il faut toujours garder le cap.

Il laisse partir ce qui lui échappe.
Garde l'essentiel et l'immortalise.
En toute occasion il relativise.
Le passé en gardien de ses souvenirs.

Lorsque la mort viendra le chercher
Il aura longtemps marché
Et s'en ira avec le sourire
De ceux pour qui le temps n'est pas un martyre.

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