27 novembre 2022

Manque



Texte de la chanson Manque sur mon quatrième album Alchimie.

Ça y est, mon heure a sonnée.
Depuis qu'à retentit le tocsin
Mon esprit n'est plus sain.
Je ne parviens plus à raisonner.
Une mélancolie lancinante m'a désarçonnée.
Je suis captif, elle m'a emprisonnée.
Les aiguilles ont fait le tour du cadran,
Les miennes se sont arrêtées.
À me casser les dents
J'ai perdu mon mordant.
Un battement d'aile, les années sont passées.
Dans la foule je me suis effacé.
Je ne suis plus qu'une ombre
Appartenant au passé.
Là, au milieu des décombres
La beauté m'apparaît grossière.
Le présent a un goût de poussière.
La démence est un geôlier,
Je suis pieds et poings liés.
Le manque de tendresse est néfaste
Peu à peu c'est tout qu'il dévaste.
Je commence à avoir la frousse
Je le sens toujours à mes trousses.

La vie tient à si peu de choses
Ce fil ténu auquel on s'accroche
Sous ses airs grandioses
Elle cogne et amoche
Nos cœurs de mioches.
Elle n'est pas tendre parfois
Si difficile de garder la foi.
Elle endurcit avant de s'adoucir.
Usée telle une poupée de cire.
Tant de douleurs à occire.

J'ai souvent cédé à l'épouvante
Tellement l'existence est éprouvante
Pour moi, ainsi que pour les miens,
Telle une bougie qui s'éteint,
Brille dans ma mémoire en vain.
À chercher dans le noir une infime lumière.
La peine en bandoulière,
Au fur et à mesure mon dos se voûte.
Mais elle ne me mènera pas à l'échafaud.
À moi de faire ce qu'il faut.
Tracer ma route coûte que coûte,
Vivre malgré ce que je redoute.
Je m'étrangle quand je veux crier.
Alors je sors l'encrier
En ultime délivrance.
La souffrance coule sur le papier.
Elle ne peut plus me piéger.
Il a fallu du temps pour piger
Que ma plume, lourde comme du plomb,
De par son aplomb
Est la seule à m'alléger.

REFRAIN

Quel est ce froid qui soudain m'envahit ?
Remplaçant la rassurante chaleur de tes bras.
Je me sens trahit.
Maintenant quand je regarde devant moi
Je ne vois qu'une silhouette floue de toi.
Il y a de la brume dans ma tête.
Je n'ai plus le cœur à la fête.
Il bat détraqué, à contretemps
Car tu me manques tant.
Le mal suintant s'étend.
Toi qui me faisait vibrer
Qui me donnait de ta vie
Où est-elle passée ?
Hanté(e) par ton absence
Elle a troublée tout mes sens.
Mes yeux pleurent, mon visage se plisse
En pensant à ces instants complices
Qui me glissent entre les doigts.
Ce bon temps dorénavant révolu.
Aux dilemmes non résolus,
À ces risques que je n'ai pas pris
Car ici bas règne un absolu mépris.
Et pourtant je suis encore là
Je ne baisse pas les bras
Et garde la tête haute
Car tout n'est pas de ma faute.
Je cours, fuis jusqu'à ce que la peine
S'amenuise, s'épuise à en perdre haleine.

© Slamity Jane - SACEM

17 novembre 2022

Dis moi dix mots



2019 - Au fil de l'eau

Il pleut.
Je regarde l'ondée
Couler sur les carreaux.
D'un ciel gris délavé
Aux touches de bleu.
Émue par ce tableau,
Belle aquarelle,
Je savoure le charme
De ces graciles larmes.
L'esprit est fluide,
Il glisse hors du corps.
Soudain tout est limpide
Telle l'eau d'un lagon.
Je change de décor.
Je la sens pour de bon,
Légère, ruisseler
Sur ma peau aride.

Évasion épatante.
Je veux déceler
Les sources spitantes,
M'abreuver aux oasis,
Salvatrice catharsis.
Regard vers le haut,
Jamais en arrière.
Aller à vau-l'eau
Sur une vive rivière
Jusqu'à l'océan.
Brillant poisson volant
Planant au-dessus des courants.

Là, bien amarrée
Au gré des marées
Ne pas me faire engloutir
Par les flots déchainés.

Puis de nouveau partir,
Reprendre le voyage.
Contourner les barrages.
Dormir dans l'alcôve
De vertes mangroves.
Sentir la fraîcheur des flocons.
Boire à tous les flacons.

Ainsi les jours de pluie
Arrosent mes rêveries.

© Slamity Jane - SACEM



2023 - À tous les temps

À tous les temps
Conjuguons les verbes
Nous maintenant en vie.
Faiseurs de vers en herbe.
Favoriser le plus-que-parfait
Pour trouver la clé de l'action
Ouvrant la porte du présent,
Puis effacer les méfaits
De l'espace temps qui nous nuit.
Il y a une année-lumière
Entre aujourd'hui et hier.

Les heures lentes de la nuit,
Silencieuses, portent conseils.
À l'avant-jour qui suit
Pas une seconde à perdre
Afin de réaliser ses attentes.
Nous devons réagir dare-dare
Sans se soucier des radars.
Le temps est un assassin
Logeant en notre sein

Oublier ce terrible adage.
Affable, s'octroyer le droit
De simplement lambiner.
Se mettre en hivernage,
Attendre les temps plus cléments.
Vivacité et lenteur combinées
Révèlent qui nous sommes.
De parfaits métronomes.
Rythmer son existence
Sans céder à l'urgence.

Simplement être synchrone
Avec notre horloge interne.
Écouter ces incessants tic-tac
Sans que ne la détraque
La folle course du monde.

Le répit que l'on se donne
Avant que ne sonne
Inéluctable notre dernière heure
Se trouver au bon endroit,
Tout juste au bon moment.

© Slamity Jane - SACEM

16 novembre 2022

S.D.F

Avant j'avais des droits.
J'avais la loi pour moi.
Cette période est révolue,
J'n'y trouve pas mon salut.
Car depuis tout a basculé.
Les problèmes accumulés,
Les dettes ; ont encombrés
Mon existence bien rangée.
Inéluctablement j'ai sombré.
Ce fatras m'a changé.
Je m'y suis soumis,
L'engrenage est un ennemi.
Plus eu la force de mordre
Dans tout ce désordre.

Sans Destin Fiable
La déception m'accable
C'est aussi mon âme
Que l'on affame.

J'ai tout perdu.
Rien ne m'a été rendu.
Péniblement je survis,
Même affaibli et las,
Quand d'autres s'ôtent la vie
Pour bien moins que cela.
J'ai su ce qu'était l'indifférence
Quand j'ai connu la déchéance.
Pas une chance n'est laissée
À ceux qui sont trop cassés.
Au début j'ai attendu
Vos mains sincères, tendues.
Mais peu de regards
Rencontrent le mien, hagard.

Sans Destin Fiable
La déception m'accable
C'est aussi mon âme
Que l'on affame.

Je sais que vous me voyez,
Aussi honnête que vous soyez,
Du lundi au dimanche
M'user à faire la manche.
Il est vrai que ça glace
De voir la vérité en face
J'ai été à votre place.
C'est un mauvais exutoire
De changer de trottoir.
Il ne reste que l'esquive
Aux gens à la dérive.
Je ne suis pas différent,
Juste sorti du rang.
Promis au néant.

Sans Destin Fiable
La déception m'accable
C'est aussi mon âme
Que l'on affame.

Il suffit de l'étincelle
De mots échangés,
D'un moment partagé
Pour raviver mon feu
De simple mortel.
Même si elles sont peu
Les pièces dans l'escarcelle,
Ce n'est pas ce qui importe,
Que le diable les emportent.
Ils me sont précieux
Ces instants rares
Où j'existe à vos yeux.
De grâce ils me parent
Sous mes fripes d'anar'.

Sans Destin Fiable
La déception m'accable
C'est aussi mon âme
Que l'on affame.

Je suis l'envers
De vos artificiels paradis.
Vous, qui en hiver
Semblez moins étourdis
Quand je croise le fer
Avec les enfers
Que sont faim et froid ;
Sachez qu'en toute saison
On peut mourir d'effroi,
Des cartons pour maison.
Vos pensées émues
En oubli se muent.
Nos affres semblent disparaître.
Comme neige en été peut-être.

Sans Destin Fiable
La déception m'accable
C'est aussi mon âme
Que l'on affame

J'aurai préféré être un héros.
Je suis seulement disparu.
Plus une série de numéros,
Comme vous dans ce système
Duquel j'ai été exclu
Et dont on ne sort indemne.
De maux je suis perclu.
J'aurai bientôt fait mon temps.
Ça fait tellement longtemps
Que je squatte cette rue
Qu'elle devrait porter mon nom.
Mais, ça aussi, j'n'en ai plus.
Et sans que vous y prêtiez attention
Se stoppera ma détention.

Sans Destin Fiable
La déception m'accable
C'est aussi mon âme
Que l'on affame

Paupières closes
Enfin je me repose.
On croit que je dors.
J'ai quitté mon corps
Retrouvé au matin.
Je me suis éteint.
Par une nuit tranquille
S'est fini mon exil.
La Camarde, ma camarade
Est venue m'emporter
Loin de ces mascarades
Et des hostilités.
Sans un adieu
Je n'hanterai plus ces lieux.

Victime de l'anonymat
De mon vivant
Jusque dans mon trépas,
En vous levant
Vous ne l'apprendrai pas.
Ma vie est indigne
D'une seule ligne
Dans la rubrique nécrologique.
Dans ce monde autiste,
À peine grossirai je la terrible liste
Des frères de misère
Tombés devant vous sur la piste.
Sans aucun signe de déférence
Je tire ma révérence.

© Slamity Jane - SACEM

Vidéo disponible sur ma chaîne Youtube

09 novembre 2022

La rage au ventre

À toi qui dessine l'avenir,
Pour qui le meilleur est à venir.
Toi seul crée tes miracles.
Tu n'as pas besoin d'oracle.
Même gêné par les ronces,
Elles te donneront les réponses.
Pour affronter les obstacles
Qui se dresseront sur ta route,
Tourner les pages
Et ce quoi que ça te coûtes.
À travers les orages,
Si les doutes t'assaillent
J'aimerai te convaincre
Que pour combler tes failles
Il suffit d'avoir la rage.
Mais la seule qui vaille,
Celle de malgré tout vaincre.
Elle te donnera du courage
Et une nécessaire hargne
Quand rien ne t'épargnes.

La rage au ventre
Bouillonnant en ton centre
Affrontant les accrocs
Tu as les crocs
Tu as toujours faim
De parvenir à tes fins


Quand par de faux amis trahi,
La déception t'auras envahi.
Que, plus souvent qu'à ton tour
L'amour te fera la moue
Et sera sans retour.
Tu douteras du parcours.
Tu en sentiras les remous
Et compteras sur elle.
Ta force est plurielle,
La somme des coups durs
Qu'inévitablement tu endures.
Tu sortiras vainqueur
Des plus rudes conflits,
Comme autant de défis,
Y mettant tout ton cœur.
Ça ne fait pas un pli,
Tu seras alors fier
De ce que tu as accompli,
De tes réussites d'hier
Malgré leur goût amer.

La rage au ventre
Bouillonnant en ton centre
Affrontant les accrocs
Tu as les crocs
Tu as toujours faim
De parvenir à tes fins


Tes échecs l'alimente
Pour mieux remonter la pente.
Tu mets un point d'honneur
À la mettre en valeur.
Tu en auras bavé
Mais c'est les poings levés
Que tu vas de l'avant,
Prêt à te relever.
Tu n'as que faire des paris
Qui te donnaient perdant.
Une fois les langues déliées
Leurs plans sont contrariés.
Dorénavant tu en ris.
D'elles, tu t'es émancipé
Imposant ton droit au respect
. Invincible et fort,
Après tant d'efforts
Tu as bien mérité
L'abandon aux sensations
De l'incroyable motivation
Dont tu as hérité.

La rage au ventre
Bouillonnant en ton centre
Affrontant les accrocs
Tu as les crocs
Tu as toujours faim
De parvenir à tes fins


© Slamity Jane - SACEM

07 novembre 2022

Mes recueils

Poét'hique Slam

Publié en auto-édition en 2012, je souhaite le rééditer en le modernisant et en y ajoutant des textes actuels.

Ce recueil rassemble mes premiers slams, quelques poèmes et des textes écrits plus récemment.



Mosaïque

C'est un recueil qui associe l'image aux mots.

Il est constitué en deux parties :

- dans la première vous découvrirez des textes poétiques et des citations illustrés par mes montages
- dans la deuxième vous découvrirez les œuvres qui m'ont inspirées

Il sera possible de les commander en 2023, par mail à claire.slamity@gmail.com, ainsi que via mon site.

02 novembre 2022

Mélopée et Sérénades

Illustration : lithographie "Mélopée" de Jean Miotte


MÉLOPÉE

Les sérénades d'antan
Résonnent dans le vide
Des nuits blanches,
Se dissipent sous l'œil
De la lune livide.
Elles sonnent le glas
Des amours mortes.
Le silence escorte
Les anciens amants
Au seuil du crépuscule.
Funambules fébriles
Sur les lignes d'une portée
Où les notes volubiles
Se sont envolées.

De l'amour dévêtues,
Les charmantes aubades
À jamais se sont tues
Au temps de l'adieu,
Des aurores maussades.
Les jours mélodieux
Sont souvenirs vaporeux.
Prolixe chez les heureux,
Muette est la paix.
De nostalgiques mélopées
Planent sur les solitaires.
Condamnés dépositaires
Des accords intimistes
De noces utopistes.

© Slamity Jane - SACEM

Poème inspiré de mon texte pour la chanson "Sérénades"

SÉRÉNADES

Enfants de bohème
D'affinités est leur chanson
Qu'ils entonnent à l'unisson.
C'est peu dire qu'ils s'aiment.
Il n'y a aucun bémol
À ce qui rend folle l'âme.
Crochés à la clé de sol,
Du temps à leurs gammes.
Pas de fanfares audibles
Au sein des symphonies.
À leurs notes sensibles
Ils mêlent leurs mélodies.

De sérénades en aubades
Aux battements de cœurs
Qui marquent la chamade.
Sans plus de heurts
À corps perdus démesurés
De s'être dorénavant trouvés.


Ils donnent la mesure,
Cadencent les secondes.
La même longueur d'ondes
Sans cesse les rassurent.
Autrefois élèves de solfège
En parfaits solistes
Mais depuis le sortilège
Les a lancé sur la piste.
Toujours avec coffre
Au diapason ils s'offrent.
Sous l'effet de l'osmose
En duo ils se composent.

REFRAIN

Au sein de leurs silences
Ils se font encore échos.
Leur filtre d'amour
Tue la cacophonie des jours.
Se frôlent leurs bouches.
Jamais sur la touche,
Le son des soupirs
En un souffle vient mourir.
Accords majeurs à leur portée.
Ils abandonnent l'armure.
Elle dévoile son échancrure,
Lui ses enchantements enjoués.

REFRAIN

D'inspiration en aspirations
Une unique partition.
Pas de contours à la présence
En raison de la résonance.
Rompue la solitude
De graves en trémolos.
En glissendo ou legato,
La passion en prélude.
Ils interprètent en ostinato
Une parfaite harmonie.
Outrepassant la théorie
À leurs propres tempos.

À corps perdus démesurés
De s'être dorénavant trouvés.
Sans plus de heurts
Aux battements de cœurs
Qui marquent la chamade
De sérénades en aubades.


© Slamity Jane - SACEM