28 septembre 2022

Putain de rancœur

J'ai bien trop de hauts le cœur
Nourrissant ma putain de rancœur.
À vouloir vomir toute la noirceur,
Ce qui m'a teint à l'intérieur.

Bien sûr... plus rien ne m'atteint.
C'est pour ça que je me tue au matin
À effacer ces inscriptions en latin
Qui, sur mon sommeil, ont déteint.

Nuits blanches aux idées noires
Grouillantes de trop de cafard.
Installées là en épais brouillard.
Vidées de leur sens à mon instar.

Je veux shooter ce qui me bute
Mais erre parmi vous sans but.
Je le sais, inégale est cette lutte
Et très dure sera la chute.

Depuis longtemps je cache
Tous les maux que je mâche.
Alors au risque d'être trash
C'est de la bile que je crache.

J'entends la tourmente gronder.
Je n'en peux plus de ces ondées.
De pluies acides inondée.
Gouttes de poison venant me sonder.

Écorchée par la traîtrise,
Les ressentiments me détruisent
Mais l'agonie n'est pas de mise.
Ce qui est cru m'exorcise.

Des pans entiers à incendier.
Tant de mal à congédier.
Je dois pouvoir y remédier.
Il n'y a rien de bon à lui dédier.

© Slamity Jane - SACEM

26 septembre 2022

De vous à moi

SE RENCONTRER

De vous à moi
Se sont d'abord des rencontres
Contre lesquelles on s'appuie.

Celles créant d'inaliénables liens,
Dignes des plus fabuleuses fables.
Naissance de partages ineffables
À grands renforts de silences.
Des liens se tissant avec le temps,
Qui nous attachent à l'existence.
Un seul regard suffit, on se lance.

De vous à moi
Ceux passant au compte-gouttes
Remplissent, généreux, notre verre.
Inutiles sont les grandes cérémonies
Aux dons distillés avec parcimonie.
Puis il y a de ces personnes
Dont peu en nous résonne.
Que l'on croise sans suite.
Malgré tout, en pas parallèles
D'eux nous apprenons aussi,
Ils laissent une trace sur la vie.

Êtres avides de complétude,
En attente de leurs moitiés
Ainsi que d'unités amicales ;
C'est dans nos habitudes
D'aller vers l'inconnu.
À cela rien d'anormal.
Le laisser nous mettre à nu.
Ne pas le fuir comme la peste.
Après tout à bas les normes,
Même si à s'être trop déshabillé
Et parfois s'être pris des vestes,
Il nous arrive encore de bafouiller.
En tentative de désinhibition
Et membre de la société
Faire corps avec la réhabilitation.

Encore garder notre âme ouverte
Aux instants de découvertes.
Pour quelques secondes offertes
C'est un monde que nous gagnons,
Le notre que nous enrichissons.

Dès lors je vous dis « à plus tard »,
Si vous plaît le début de l'histoire.
Ou bien peut-être « à jamais » ?
Ou alors « pour la vie »
Après tout qui sait ?

VOUS

Ami(e)s, famille de sang ou de cœur, personnes qui êtes passées par ici et ne repasserez peut-être pas par là, exs, personnes appartenant au passé et celles avec qui on ne s'entend plus, inconnu...
Vous qui êtes si nombreux, avec qui j'ai échangé seulement un sourire ou quelques mots ; partagé un court moment ou les joies et les peines de tant d'années.
Vous, que je ne connais qu'en surface ou dont je sais tout ou presque.
Vous, gigantesque fresque multicolore dont j'aime à percer les mystères.
Vous, tout aux multiples facettes, kaléidoscope de l'univers.
Vous, qui venez à ma rencontre ou que je viens chercher pour que nous soyons compagnons de route.

MOI

Moi, au milieu de Vous. Toute petite, minuscule grain de poussière dans un immense désert, s'abreuvant aux quelques oasis que je trouve. Souvent perdue même si j'ai trouvé ma place, aussi aux côtés de certaines personnes.
Simple humaine sur cette terre, au passage éphémère. À mi-parcours, je l'espère, de ma vie.
Imparfaite essayant toujours de s'améliorer, sensible, fragilisée et pleine de force à la fois.
Tentant de concilier le cœur et l'esprit, de trouver l'équilibre en étant toujours sur le fil, de m'harmoniser au monde.
Moi, qui ne serais rien sans Vous car, à mes yeux, seuls comptent l'amour, l'amitié et le partage.
Artiste qui a adopté les mots pour s'exprimer, comme moyen de communication idéal avec mon prochain, quand souvent les mots justes ne viennent pas à point nommé.

L'AUTRE

L'Autre, dans lequel je me reflète.
Un effet miroir qui me donne forme et parfois me rend floue quand nos images se confondent.
L'Autre et mon choix de ce qu'Il peut me laisser miroiter.
À qui je parviens difficilement à faire face quand il me révèle mes propres défauts.
L'Autre qui peut aussi révéler le meilleur en nous, qui éveille ce qui s'était endormi et crée ce qui aurait pu rester dans le néant.
L'Autre qui attire comme un aimant ou vers qui on ne peut aller car nous n'avons pas le bon pôle.
Un parfait inconnu en qui je crois m'être reconnue, un semblable dans le fond mais différent sur la forme.
L'Autre comme une énigme que l'on tente tant bien que mal de résoudre.

LE TEMPS

Le temps qui file, se défile, pas toujours subtil.
Qui unit ou désunit au gré de ses humeurs. En tissant notre fil, il crée des liens fusionnels et d'autres moins solides.
Toujours témoin de nos moments partagés, il accélère ou ralentit selon le rythme de nos cœurs.
Le temps confirme certains pactes et retranscrit tous nos actes.
De nos mémoires, il efface les détails sans intérêt et en souligne d'autres comme autant de ponctuations qui nous rendent vivants ; grave dans le marbre tout ce qui résiste à son passage.
C'est un sculpteur talentueux. Il nous façonne, êtres d'argile, selon ses envies.
C'est un vieux sage qui nous transmet ses savoirs, magicien transformant ce qu'on lui donne tantôt en or, tantôt en fer rouillé.
Il est parfois notre pire ennemi mais nous devons en faire un ami, un allié, afin de concilier au mieux le passé, le présent et le futur.

L'AMITIÉ

Ami(e), toi à qui je me confie,
Ensemble nous relevons tous les défis.
Notre lien est si sacré.
Nous cultivons notre jardin secret
Envers et contre tout, à travers les saisons.
Tu parviens toujours à me faire entendre raison.
Nous aurions pu être frère et sœur,
Tellement sont semblables nos cœurs.
Nous nous sommes trouvés dans la masse.
Si parfois de longs mois passent,
Sans même que nous nous parlions,
Ce n'est pas pour autant que nous nous oublions.
Nous chassons les trublions
Qui tentent d'entacher notre relation.
Rien ne vient troubler notre harmonie,
Surtout pas quelques fausses notes
Égarées au sein de nos grandes symphonies.
Chez toi rien ne dénote.
Tout le temps heureux de se voir,
Pas besoin de grandes cérémonies,
De démonstrations ostentatoires.
Il n'y aura pas de fin à notre histoire
Sinon d'amitié elle ne porterait pas le nom.

SÉPARATIONS

Lorsque nous n'avons plus rien à nous offrir,
Que devoir donner nous fait souffrir.
Qu'ensemble, plus s'accroît la distance
Plus la fatigue nous use avec constance.
Alors nos routes doivent se séparer
Avant qu'il n'y ait plus rien à réparer.
C'est un crève-cœur de se dire adieu,
De mettre fin à une vie à deux
Mais il faut se rendre à l'évidence :
Nous n'avons pas la même cadence.
Il est inutile de se saborder
Quand il est impossible de s'accorder
Et il est essentiel que l'on avance.
Le passé a bel et bien fait son temps,
C'est dorénavant le futur qui nous attend.

SOLITUDE

J'ai subi la solitude.
Le vide qui peuple l'être.
La voix seule qui raisonne.
Les questions sans écho.
Le besoin d'une présence,
Comme réponse : l'absence.
Jusqu'à ce que me manque même vos silences

Et...

J'ai apprivoisé la solitude.
Le plein qui envahit.
Plongée en apnée dans l'esprit.
Retour vital à son essence
Afin de mieux se retrouver.
Contemplation calme du monde.
Enfin la bonne longueur d'onde.

AMOUR / HAINE

L'amour ou quand règne l'entente.
Une bonne dose d'affection, une pincée de tendresse et d'écoute, un soupçon d'humour assaisonné d'ironie, un mélange de rire et de larmes, un zeste de souvenirs sucrés / salés qu'il est si bon de se remémorer ; toujours de quoi épicer le quotidien.
C'est l'Art des gourmets, un festin que l'on prend plaisir à savourer ensemble autant de fois qu'on le veut.

Puis...
Plus rien n'alimente la relation. La douceur tourne à l'aigreur.
Plus envie de toucher à ce qui, avant, éveillait nos papilles.
Des éclats de voix, dans la bouche le goût amer des regrets, l'estomac retourné par des faits avariés. Impossible de mettre de l'eau dans son vin, un virulent poison se dilue dans des propos crus et acides. Il y a de l'huile sur le feu. Les carottes sont cuites, tout est cramé. Au menu il n'y a plus que de la haine.

Beaucoup d'amour pour un gramme de haine, ainsi est la recette humaine.

LES ÊTRES MARQUANTS

Ils sont souvent entrés sur la pointe des pieds, discrets mais déjà remarqués.
Ils ont pris peu à peu une place importante.
Il n'y a pas de hasard, nous étions voués à faire un bout de chemin ensemble. Une rencontre évidente avec ceux qui donnent un sens à tout.
Ceux et celles qui n'ont pas besoin de panneaux de signalisation pour connaître la marche à suivre.
Des êtres comme des phares sur mon chemin de Vie, qui ont suivi même quand j'ai dévié.
Ils m'ont montré d'autres voies, m'ont indiqué l'essentiel quand j'allais passer à côté, à force de foncer tête baissée et ils m'ont appris à ouvrir les yeux sur des obstacles éloignés.
Je conserve précieusement leurs empreintes indélébiles au sein de mon existence fragile.
Des alter ego se trouvent partout en ce vaste monde. J'aime à les dénicher, comme autant de trésors précieux à conserver pour illuminer les jours.

GAIN OU PERTE

Pourquoi quand on joue cartes sur table, ça vire parfois au tournoi de poker, où le gain compte plus que la donne ?
Pourquoi chercher à mater l'autre, dans des parties d'échec permanentes ? Le fou n'y trouve plus sa place, le roi perd la tête, la reine n'a plus le cœur à rien, le pion a touché le fond et tout le monde devient trop cavalier.
Le partenaire d'un jour devient adversaire permanent. Calculateur au cœur froid, il a la tête qui bouillonne afin d'avoir toujours un coup d'avance.
Pour rester maîtres du jeu, beaucoup ne dévoilent pas leur main ; et pour ne pas se retrouver au tapis cachent la poussière dessous. C'est pourtant une certitude, les gagnants d'aujourd'hui seront les perdants de demain.
Les vrais as, les véritables vainqueurs, sont ceux qui créent leur chance tout en en laissant une à la personne d'en face. Ceux qui n'étaient pas partis gagnants, loin de là et qui ont finalement bien mérité leur réussite.
Face aux tricheurs, menteurs et vaniteux, la seule garantie de gains est de bien choisir les personnes avec qui nous engageons une partie.

LA PAROLE

La parole naturelle, sans fard et dénuée de tenue d'apparat. Les mots se font fleuve clair auquel il est si agréable de s'abreuver, ses rives accueillent nos riches partages. Celle qui couvre la distance qui nous sépare.
La parole multiple, même s'il vaut mieux n'en avoir qu'une. Unique chose que l'on ne peut pas vraiment reprendre après l'avoir donnée. La parole qui parfois peine à s'installer. Bavarde contrainte par les sens uniques et les propos équivoques, dérangée par trop de règles.
Les paroles travesties pour ne pas dévoiler les désagréables vérités, aussi quand de bouche à oreille celles d'origine sont déformées. Un labyrinthe à plusieurs issues dans lequel il est aisé de se perdre à cause des quiproquos, des interprétations propres à chacun ; des malentendus lorsque l'écoute ne permet pas toujours d'entendre.
Celle qui libère, clé universelle, car trop de non dits nous étouffent lentement. Ils deviennent un hurlement intérieur qui ne demande plus qu'à exploser.
Celle évocatrice de ce que nous sommes vraiment, qui provoque volontairement réflexion, compassion ou révolte ; et aussi dont on peut se servir comme d'une arme : usage d'insultes et moqueries qui font l'effet de bombes.
Celles qui blessent, celles qui rassurent. Celles que l'on murmure, celles que l'on crie. Celles que l'on retient telle une charmante ritournelle, celles que l'on s'empresse d'oublier.
Elle a toujours de la valeur, proportionnelle à celle qu'on lui accorde, qu'elle soit communiquée d'une voix timide ou incisive. Elle peut aussi bien créer des barrières que des ponts, entre celui qui la diffuse et celui qui la reçoit ; à nous de savoir quel genre de bâtisseurs nous souhaitons être.

© Slamity Jane - SACEM

06 septembre 2022

La rue des pas perdus

Une âme errante, hante
La rue des pas perdus.
Sans cœur et sans raison
À contre courant des saisons.
Morte d'avoir voulu être forte.
La vie a déserté les lieux un été.
Là dans l'obscurité
De la rue des pas perdus,
Aveugle, elle s'égare.
Devant ses yeux, un épais brouillard
occulte les cieux.
L'œil hagard, elle se perd de vue ;
Invisible aux gens qui passent
Elle réside dans cette impasse.

Dans la rue des pas perdus
Ruissellent des larmes amères,
Des crève-cœur, des chimères.
Des espoirs suspendus.
Dans la rue des pas perdus
Des réverbères sans lumière
Guettent les allées et venues
d'une âme qui erre.

De la renaissance au trépas,
il n'y a qu'un pas
Qui la mène au pied du mur.
Où il n'y a plus que l'agonie des blessures.
Tout sort, plus rien ne rentre
L'épée de Damoclès s'enfonce dans son ventre.
Un vide abyssal engloutit tout petit à petit
Plus de buts, que des contresens,
Du poison dans l'essence.
Si vaine est la lutte
Lorsqu'on est promis à la chute.

Dans la rue des pas perdus
Ruissellent des larmes amères,
Des crève-cœur, des chimères.
Des espoirs suspendus.
Dans la rue des pas perdus
Des réverbères sans lumière
Guettent les allées et venues
d'une âme qui erre.

Dans la rue des pas perdus
Il y a une ombre
Divaguant dans les décombres.
Elle traîne éperdue.
La valse du néant
L'entraîne et l'attire.
Impossible de partir.
Tout passe, le destin mécréant
Chasse les pas incertains.
Dans l'impasse du chagrin,
Un pied dans l'abîme,
La danse du chaos l'anime.

© Slamity Jane - SACEM